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Cyrus W Field 28 juillet 1858... 13 juillet 1866
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Cyrus W Field 28 juillet 1858... 13 juillet 1866
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Cyrus W Field 28 juillet 1858... 13 juillet 1866
Field, who is intrigued by the idea of a transatlantic telegraph cable. Despite skepticism from scientists and engineers, Field believes in the possibility and convinces investors to fund the project. Overcoming various challenges, including the depth of the ocean and the need for powerful dynamos, Field and his team successfully lay the first transatlantic cable in 1858. This achievement revolutionizes communication, allowing messages to be sent instantaneously across continents. The project is hailed as a great feat of the century and paves the way for further advancements in global connectivity. Le premier mot qui traversa l'océan, Cyrus W. Field, 28 juillet 1858 28 juillet 1858, le premier mot qui traversa l'océan, Stefan Zeg, dans Les très riches heures de l'humanité, publié dans la collection Le Livre de Poche, achetait ce livre. Le premier mot qui traversa l'océan, Cyrus W. Field, 28 juillet 1858 Le nouveau rythme Pendant tous les milliers et peut-être les centaines de milliers d'années depuis lesquels cet individu étrange que l'on appelle l'homme parcourt le monde, il n'avait pas existé pour mesurer le déplacement sur terre d'autres étalons que le trajet effectué par le cheval, par la roue, par les rames ou les voiles du bateau. Toute la masse de progrès technique réalisée dans le cadre de cet espace étroit, éclairé par la conscience que nous appelons histoire du monde, n'avait entraîné aucune accélération sensible du rythme du déplacement. Les années de Wallenstein avançaient à peine plus vite que les légions de César, les armées de Napoléon ne progressaient pas plus rapidement que les hordes de Gengis Khan. Les corvettes de Nelson traversaient la mer à peine plus vite que les bateaux pirates des Vikings et les navires marchands des Phéniciens. Lord Byron, faisant le voyage de Childe à Old, ne parcourt pas plus de mille en un jour, Covid se rendant en exil sur les bords du pont Tuxa. Goethe au XVIIIe siècle ne voyage pas beaucoup plus confortablement ou plus promptement que l'apôtre Paul au début du premier millénaire. La même distance sépare les pays dans l'espace et dans le temps au siècle de Napoléon et sous l'Empire Romain. La résistance de la matière triomphe encore de la volonté humaine. C'est seulement au XIXe siècle qu'apparaît une modification fondamentale dans la mesure et le rythme de la vitesse terrestre. Au cours des deux premières décennies de ce siècle, les peuples, les pays se rapprochent plus rapidement qu'ils ne l'ont fait pendant des millénaires. Grâce au chemin de fer, au bateau à vapeur, les voyages qui duraient autrefois plusieurs jours sont accomplis en une seule journée. Les heures de voyage jusqu'alors interminables se réduisent à des quarts d'heure et à des minutes. Mais même si les accélérations, ces accélérations nouvelles que permettent le chemin de fer et le bateau à vapeur sont ressenties par leurs contemporains comme un triomphe, ces découvertes restent dans le domaine du concevable. En effet, ces véhicules ne font réalité que, multipliés par cinq, par dix, par vingt, les vitesses connues jusqu'alors, le regard et l'entendement sont encore capables de les suivre et de s'expliquer ce miracle apparent. En revanche, totalement inattendu, apparaissent les effets des premières réalisations de l'électricité qui, tel Hercule au berceau, renverse toutes les lois établies et réduit à néant toutes les mesures en vigueur. Jamais, nous qui sommes venus plus tard, nous ne pourrons retrouver l'étonnement de cette génération face aux premières réalisations du télégraphe électrique. L'immense ébahissement et l'enthousiasme qui furent les siens en découvrant que cette même petite étincelle électrique à peine perceptible, qui hier encore parvenait tout juste au sortir de la bouteille de LED, a parcouru, en crépitant quelques centimètres jusqu'au bout du doigt, avait acquis d'un seul coup la force diabolique de franchir des pays, des montagnes et des continents entiers. Que la pensée à peine élaborée, le mot écrit d'une encre encore humide pouvait déjà, à la seconde même, être reçu, lu, compris, à des milliers de miles de distance et que le courant invisible qui oscillait entre les deux pôles de la minuscule pile voltaïque pouvait s'étendre à toute la surface de la Terre, d'une extrémité à l'autre. Que l'amusant appareil du cabinet de physique, hier tout juste capable d'attirer quelques petits bouts de papier par le frottement d'un morceau d'air, atteindrait une puissance un million ou un milliard de fois supérieure à la force musculaire et à la vitesse humaine, apportant des messages, déplaçant des trains, illuminant rues et maisons et éplanant à travers les airs invincibles comme Ariel. C'est seulement avec cette découverte que la relation de l'espace et du temps a connu la modification la plus décisive depuis la création du monde. 1837, cette année capitale sur le plan mondial, où pour la première fois le télégraphe rend simultanées les expériences humaines jusqu'alors isolées, n'est en général même pas mentionné dans nos livres de classe, qui continue malheureusement à juger plus important de raconter les guerres et les victoires de quelques généraux et de quelques nations, plutôt que des véritables triomphes de l'humanité, ceux qui sont collectifs. Et pourtant, aucune date de l'histoire contemporaine ne peut se comparer quant à sa portée psychologique à celle-ci. Où est intervenue cette mutation de la valeur du temps ? Le monde est transformé depuis qu'il est possible de savoir à Paris ce qui se passe à la minute même, à Amsterdam, à Moscou, à Naples et à Lisbonne. Il ne reste plus qu'un dernier pas à faire et les autres continents seront eux aussi intégrés à ce grandiose ensemble et l'on aura créé une conscience commune à l'humanité tout entière. Mais la nature résiste encore à cette ultime union. Elle lui oppose encore un obstacle. Pendant deux décennies encore, tous les pays séparés par la mer resteront coupés les uns des autres. En effet, alors que sur les poteaux télégraphiques, les cloches isolantes en porcelaine permettent à l'étincelle de continuer à se déplacer sans entrave, l'eau aspire à elle le courant électrique. Une jonction à travers la mer est impossible tant qu'on n'a pas imaginé un moyen pour isoler complètement les fils de cuivre et de fer dans l'élément liquide. Heureusement, à l'époque du progrès, une invention vient en secourir une autre. Quelques années seulement après le début du télégraphe, on découvre que la goutte à percha est le matériau qui convient pour isoler les lignes électriques dans l'eau. On peut désormais commencer à relier au réseau télégraphique européen le pays le plus important au-delà du continent, l'Angleterre. Un ingénieur du nom de Brett pose le premier câble à l'endroit même où Blériot sera plus tard le premier à survoler la manche en avion. Un incident stupide empêche la réussite immédiate. En effet, un pêcheur de boulogne, pensant avoir trouvé une anguille particulièrement grosse, arrache le câble déjà posé. Mais le 13 novembre 1851, la deuxième tentative réussit. La liaison avec l'Angleterre est établie et à partir de ce moment seulement, l'Europe est véritablement l'Europe. Un être qui vit simultanément tous les événements de l'époque avec un seul cerveau, un seul cœur. Il est évident qu'un succès aussi énorme en l'espace de si peu d'années, une décennie est-elle plus qu'un battement de cils dans l'histoire de l'humanité. Ne peut qu'éveiller chez cette génération un courage sans borne. Tout ce que l'on tente réussit et ce à une vitesse de rêve. Encore quelques années, l'Angleterre est reliée par le télégraphe à l'Irlande, le Danemark à la Suède, la Corse au continent. Et l'on élabore déjà des plans pour raccorder au réseau l'Egypte et par la même occasion l'Inde. Un continent en revanche, il se trouve que c'est le plus important, semble condamné à rester longtemps exclu de cette chaîne mondiale, l'Amérique. En effet, comment tendre un câble à travers l'océan Atlantique ou le Pacifique alors que leur immense étendue ne permet pas d'utiliser des relais ? En ces années d'enfance de l'électricité, toutes les données sont encore inconnues. On n'a pas encore mesuré la profondeur de la mer, on ne connait encore que de façon imprécise la structure géologique de l'océan. Et on n'a encore pas testé si un câble posé à une si grande profondeur pourrait supporter la pression d'une telle masse d'eau. Et même s'il était possible techniquement d'installer en toute sécurité à de telles profondeurs un câble aussi démesurément long, où trouverait-on un navire assez grand pour contenir la charge de fer de cuivre que représentent 2000 miles de câble ? Où y a-t-il des dynamos assez puissantes pour envoyer de façon continue un courant électrique sur une distance qu'un bateau à vapeur met encore deux à trois semaines à parcourir ? Toutes les conditions pour la réussite font défaut. On ignore encore si au fond de l'océan ne circulent pas des courants magnétiques susceptibles de détourner le courant électrique. On ne dispose pas encore d'une isolation suffisante, ni d'appareils de mesure exacte. On ne connait encore que les premières lois de l'électricité qui vient de s'éveiller d'un sommeil séculaire. Impossible, absurde, objectent donc avec véhémence les savants à la simple évocation d'un projet de câble transocéanique. Plus tard peut-être, disent les plus courageux parmi les techniciens. Même Morse, l'homme à qui le télégraphe doit à l'époque sa forme la plus accomplie, considère que ce projet est lourd de risques imprévisibles. Mais il ajoute prophétiquement qu'en cas de réussite, la pose du câble transatlantique représenterait « the great feat of the century », la réalisation la plus glorieuse du siècle. Pour qu'un miracle ou un prodige se réalise, il faut toujours en premier lieu qu'un individu croit à ce miracle. Le courage naïf d'un homme au pignâtre parvient à donner l'impulsion créatrice précisément là où les savants hésitaient. Comme c'est souvent le cas, ici aussi un simple hasard suffit à mettre en branle cette grandiose entreprise. Un ingénieur anglais du nom de Gisborne qui veut poser en 1854 un câble relié en New York au point le plus oriental de l'Amérique, Terre-Neuve, afin que les nouvelles concernant les bateaux puissent être captées avec quelques jours d'avance, est contraint de s'arrêter au plein milieu de son travail parce que ses ressources sont épuisées. Il se rend alors à New York pour y trouver des financiers. Là-bas, par un pur effet de ce hasard qui a engendré tant d'événements glorieux, il tombe sur un jeune homme, Sirius W. Field, un fils de pasteur qui a connu des succès si grands et si rapides dans ses entreprises commerciales qu'il a pu, encore jeune, se retirer des affaires avec une grosse fortune. C'est cet homme oisif, trop jeune et trop énergique pour rester durablement inactif que Gisborne cherche à intéresser à la réalisation du câble New York et Terre-Neuve. Or Sirius W. Field, on pourrait presque dire heureusement, n'est pas un technicien, un spécialiste. Il n'entend rien à l'électricité, il n'a jamais vu un câble. Mais du fils de pasteur, il est à la fois passionné et de l'américain le goût du risque et l'énergie. Et là où Gisborne, l'ingénieur, ne regarde que l'objectif immédiat, raccorder New York à Terre-Neuve, le jeune homme, plein d'enthousiasme, voit aussitôt plus loin. Pourquoi ne pas relier, tout de suite, Terre-Neuve à l'Irlande par un câble sous-marin ? Et avec un dynamisme propre à vaincre tout obstacle, cet homme a fait, au cours de ces dernières années, 31 allers et retours entre les deux continents en traversant l'océan. Sirius W. Field se met aussitôt à l'épreuve, fermement décidé à engager à partir de cet instant tous les moyens dont il peut disposer, en lui et autour de lui, au service de cette entreprise. Ainsi vient de se produire l'étincelle décisive grâce à laquelle une idée acquiert une force explosive dans la réalité. La nouvelle énergie, aux effets miraculeux, l'électricité, s'est associée à l'autre élément le plus dynamique de la vie, la volonté humaine. Un homme a trouvé le but de sa vie et un projet a trouvé son homme. Les préparatifs Sirius Field se met à l'œuvre avec une énergie incroyable. Il entre en contact avec tous les spécialistes, fait le siège des gouvernements au sujet des concessions, mène une campagne sur les deux continents pour trouver l'argent nécessaire. Il émane de cet homme totalement inconnu un dynamisme si puissant, sa conviction intime et si communicative. Il croit si intensément que l'électricité est la nouvelle puissance miraculeuse que, en l'espace de quelques jours, la souscription qu'il a lancée permet de réunir en Angleterre un capital social de 350 000 livres. Il suffit de rassembler les négociants les plus riches à Liverpool, à Manchester et à Londres en vue de la fondation de la Telegraph Construction and Maintenance Company et l'argent a flux. Mais on trouve également parmi les souscripteurs les noms de Thackeray et de Lady Byron qui veulent encourager cette entreprise par pur enthousiasme moral, sans qu'intervienne la moindre intention commerciale. Rien n'illustre mieux l'optimisme qui animait l'Angleterre à l'égard de tout ce qui relevait de la technique et des machines au siècle de Stevenson, de Brunel et des autres grands ingénieurs. Un seul appel suffit pour que soit rassemblée, à fond perdue, une somme aussi énorme mise à la disposition d'une aventure totalement fantastique. En effet, dans cette entreprise, le coût de la pose du câble est à peu près le seul élément calculable de façon relativement sûre. Pour la réalisation technique proprement dite, il n'existe aucun modèle. Le XIXe siècle n'avait encore jamais conçu des idées ni des projets à une échelle semblable. Comment comparer en effet la pose d'un câble à travers un océan et la jonction établie à travers l'étroite bande d'eau entre Douvres et Calais ? Il avait suffi là-bas de dévider depuis le pont supérieur d'un bateau à aube ordinaire trente ou quarante milles de câble qui s'était déroulé aussi tranquillement que l'encre se déroule du guidon. Pour immerger le câble dans la manche, on pouvait attendre paisiblement une journée particulièrement calme. On connaissait avec précision la profondeur de la mer, on était toujours en vue de l'une ou l'autre rive et donc à l'abri de tout hasard et de tout danger. La liaison pouvait être assurée aisément à l'espace d'un seul jour. En revanche, pendant une traversée qui suppose au moins trois semaines de trajet continu, une bobine cent fois plus longue et cent fois plus lourde ne peut pas rester à découvert sur le pont exposé à toutes les intempéries. En outre, aucun navire de l'époque n'est assez grand pour contenir dans sa cale ce gigantesque cocon de fer, de cuivre et de guatta, percha. Aucun n'est assez puissant pour supporter ce point. Il faut au moins deux navires qui devront en plus être escortés par d'autres afin qu'ils ne dévient pas de leur cours et que l'on puisse leur venir en aide en cas d'incident. Certes, l'Angleterre propose à cette fin la Gamène Nonne, un des plus grands bâtiments de guerre qui a combattu devant Sébastopol en tant que vaisseau amiral. Et le gouvernement américain, le Niagara, une frégate de 5000 tonnes, le plus fort tonnage à l'époque. Mais ces deux navires doivent d'abord être spécialement modifiés pour pouvoir stocker chacun la moitié de la chaîne sans fin destinée à relier l'une à l'autre deux parties du monde. Le problème majeur reste assurément le câble lui-même. Des exigences inimaginables pèsent sur ce gigantesque cordon ombilical réunissant deux continents. En effet, il faut d'une part que ce câble soit solide et indéchirable comme une amarre d'acier et en même temps qu'il reste élastique pour pouvoir être déroulé facilement. Il faut qu'il résiste à toutes les pressions, qu'il supporte toutes les contraintes tout en se dévidant aussi aisément qu'un fil de soie. Il faut qu'il soit massif et cependant pas trop gros, à la fois solide et assez précis pour permettre à la plus faible onde électrique de se propager sur une distance de 2000 miles. Il suffit de la petite déchirure de la plus infime inégalité en un seul endroit, quel qu'il soit, de cette pièce gigantesque pour que la transmission soit détruite pendant ces quinze jours de route. Mais on court le risque. Jour et nuit maintenant, les usines tournent. La volonté démoniaque de cet homme met tous les rouages en marche. On épuise des mines entières de fer et de cuivre pour fabriquer ce seul cordage. Des forêts entières d'Evea sont saignées pour produire l'enveloppe de Gutta-Percha destinée à revêtir une longueur aussi gigantesque. Rien n'illustre mieux les proportions démesurées de cette entreprise. 367 000 miles de fer sont tressés pour obtenir ce seul câble, c'est-à-dire 13 fois de quoi faire le tour de la Terre ou encore relier la Terre à la Lune. Depuis la tour de Babel, l'humanité n'a rien osé de plus grandiose dans le domaine technique. Premier départ Pendant un an, les machines brissent, s'enrelâchent, le câble quitte les usines pour s'enrouler à l'intérieur des deux navires, tel un fil qui court et enfin. Après des milliers de tours, une moitié du câble est embobiné dans chacun des navires. On a construit et déjà monté les nouvelles machines, lourdes, pourvues de freins et d'une marche arrière. Elles doivent maintenant descendre d'une seule traite le câble au fond de l'océan, pendant une semaine, deux semaines, trois semaines, sans interruption. Les meilleurs électriciens techniciens, au nombre desquels figure Morse lui-même, sont rassemblés à bord pour contrôler constamment avec leurs appareils, durant tout le temps de la pause, si le courant électrique ne s'interrompt pas. Les reporters et les dessinateurs se sont joints à l'équipage pour décrire verbalement et graphiquement ce départ, le plus passionnant depuis Christophe Collant et Magellan. Enfin, tout est prêt pour le voyage, et tandis que jusqu'alors les sceptiques l'emportaient, toute l'Angleterre manifeste à présent un intérêt passionné pour l'entreprise. Le 5 août 1857, dans le petit port irlandais de Valencia, des centaines de barques et de bateaux entourent les navires porteurs du câble pour assister à l'instant historique où l'une des extrémités du câble sera amenée par des barques jusqu'à la côte et arrimée à la terre ferme d'Europe. De façon imprévue, ces adieux prennent un caractère très solennel. Le gouvernement a envoyé des représentants, on prononce des discours, le prêtre demande à Dieu sa bénédiction pour cette audacieuse aventure dans une allocation émouvante qui commence ainsi. Ô Dieu éternel, toi qui as créé les cieux et qui maîtrise la fureur des flots, toi à qui obéissent les vents et les marées, jette un regard miséricordieux sur tes serviteurs. Que ta volonté écarte tous les obstacles, éloigne toute résistance qui pourrait nous gêner dans l'accomplissement de cette tâche importante. Lentement, la terre s'estompe. Un des rêves les plus audacieux de l'humanité essaie de devenir réalité. Mes aventures Selon le projet initial, les deux grands navires, la gamme Mnone et le Niagara, renfermant chacun une moitié du table, devaient se rendre ensemble jusqu'à un point calculé à l'avance au milieu de l'océan et c'était là seulement que l'on riverait les deux moitiés. Ensemble, l'un des deux navires devait faire route vers l'Est en direction de Terre-Neuve et l'autre vers l'Ouest en direction de l'Irlande. Mais il semblait trop téméraire d'engager dès la première tentative la totalité du câble coûteux. On préféra donc partir du continent pour parcourir la première étape tant qu'on ne savait pas encore avec certitude si une transmission télégraphique sous-marine fonctionnerait correctement à de telles distances. Les deux navires, le Niagara qui a été chargé de poser le câble à partir du continent jusqu'au milieu de l'eau et de l'océan. Lentement, prudemment, la frégate américaine fait route vers son objectif tel une araignée. Derrière elle court le fil qui sort de son corps puissant. Lentement, régulièrement, le déroulement cliquette. C'est le bruit bien connu de tous les marins du câble d'encre qui descend en se déroulant du gain d'eau. Et au bout de quelques heures, les hommes à bord ne prêtent plus attention à ce bruit régulier et monotone qu'au battement de leur propre cœur. Plus loin, toujours plus loin en mer, sans cesse, le câble continue à descendre derrière la quille. Cette aventure ne paraît pas extraordinaire. Simplement, dans une chambre spéciale, les électriciens sont installés et écoutent, échangeant constamment des signaux avec le continent irlandais. Et c'est merveilleux, bien qu'on n'aperçoive plus les côtes depuis longtemps. La transmission par le câble sous-marin permet une communication aussi claire que si l'on s'entretenait d'une ville européenne à l'autre. On a déjà quitté les eaux peu profondes, on a déjà traversé en partie ce que l'on nomme les hauts fonds situés derrière l'Irlande. Et le fil métallique continue de descendre régulièrement derrière la quille, comme le sable dans le sablier, transmettant et recevant des messages. On a déjà posé 335 mailles de câble, plus de 10 fois la distance entre Doubs et Calais. On a déjà surmonté 5 jours et 5 nuits d'incertitude. Le 6e soir, le 11 août, Cyrus Zephild s'apprête à se coucher après des heures de travail et d'énervement pour prendre un repos bien mérité. Soudain, que s'est-il passé ? Le clic qui cesse. Et de même qu'un dormeur dans un train en marche est brusquement tiré de son sommeil lorsque la locomotive s'arrête à l'improviste, de même que le meunier sursaute dans son lit lorsque la roue du moulin cesse soudain de tourner, en un rien de temps, tous sont réveillés sur le navire et se précipitent sur le pont. Dès le premier coup d'œil sur la machine, ils voient que le davier est vide. Le câble s'est soudain échappé du gain d'eau. Il n'a pas été possible de rattraper à temps l'extrémité qui s'était détachée. Et maintenant qu'elle est perdue dans les profondeurs, on ne peut espérer la retrouver et la remonter. L'effroyable s'est produit. Un petit défaut technique a réduit à néant le travail de plusieurs années. C'est en vaincu que les hommes, partis si ardemment, rentrent en Angleterre, où l'on est déjà préparé à la mauvaise nouvelle par l'absence de tout signaux. Nouvelles mésaventures. Inébranlable. Cyrus Field, héros et homme d'affaires, fait le bidon. Qu'a-t-on perdu ? 300 mailles de câble. Environ 100 000 livres du capital action. Et ce qui l'afflige peut-être davantage. Une année entière irremplaçable. En effet, c'est seulement en été que l'exédition peut compter sur un temps favorable. Et à présent, la saison est trop avancée. Par ailleurs, on peut noter, en point positif, l'expérience pratique acquise avec cette première tentative. Le câble lui-même a fait ses preuves. Il peut être enroulé et stocké pour la prochaine expédition. Il suffit de changer les dérouleuses qui sont à l'origine de cette rupture fatale. Ainsi s'écoule à nouveau une année faite d'attentes et de travaux préparatoires. C'est seulement le 10 juin 1858 que, plein d'une nouvelle ardeur, les mêmes navires peuvent une seconde fois quitter le port avec à leurs bords l'ancien câble. Et comme la transmission des signaux électriques a fonctionné de façon satisfaisante lors du premier voyage, on est revenu au point initial. On commence à poser le câble à partir du milieu de l'océan en allant dans les deux directions. Les premiers jours de ce nouveau voyage s'écoulent sans qu'il ne se passe rien. De fait, c'est seulement le septième jour que l'on doit commencer à poser le câble à l'endroit calculé à l'avance. Et donc à travailler vraiment. Jusque là, tout cela ressemble à une promenade. Les machines sont inactives. Les matelots peuvent encore se reposer et jouir du temps agréable. Le ciel est sans nuages. Et l'océan est calme. Peut-être trop calme. Mais le troisième jour, le capitaine de la Magenum ressent une inquiétude sourde. Un coup d'œil sur le baromètre lui a montré que la colonne de Mercure descend à une vitesse alarmante. Un orage d'une violence particulière doit se préparer. Effectivement, le quatrième jour, une tempête éclate. Telle que les marins, même les plus expérimentés, en ont rarement vécu sur l'océan Atlantique. Le plus funestement touché par cet ouragan est précisément le navire cablier anglais. La gamme MNOM. Ce vaisseau amiral de la marine anglaise. Un bâtiment remarquable qui a surmonté les épreuves les plus difficiles sur toutes les mers. Et ainsi, pendant la guerre, devrait pouvoir affronter avec succès cette tourmente. Malheureusement, le navire a été entièrement modifié afin de pouvoir contenir l'énorme câble. Il n'a pas été possible de répartir le poids. Également sur toute la surface de la cale comme dans un cargo. Au contraire, tout le poids de l'énorme bobine repose sur le milieu. Et une partie seulement a pu être mise tout à l'avant. Ce qui a pour conséquence aggravante de doubler l'oscillation chaque fois que le navire tangue. Ainsi, l'orage peut jouer à un jeu des plus dangereux avec sa victime. Sur la droite, sur la gauche, à l'avant, à l'arrière. Le navire est soulevé jusqu'à un angle de 45 degrés. Des paquets de mer inondent le pont. Tous les objets sont fracassés. Et nouveau malheur, lors d'un des coups des plus terribles qui ébranlent le navire de la quille jusqu'au mât. Le réduit où se trouve entassée la cargaison. Le charbon sur le pont s'effondre. Une grêle noire s'abat comme une chute de pierre sur les marins déjà épuisés et en sang. Quelques-uns sont blessés, d'autres sont ébouillantés dans la cuisine par les chaudrons qui se renversent. Un marin perd la raison au cours de ces dix jours de tempête et l'on l'envisage même une solution extrême. Jeter par-dessus bord une partie de ce fatal chargement de caves. Heureusement, le capitaine refuse d'assumer cette responsabilité et la suite lui donne raison. Au terme d'épreuves indescriptibles, la gamme MNOM surmonte la tempête et parvient, malgré un important retard, à retrouver les autres navires à l'endroit convenu de l'océan où doit commencer la pose du câble. Mais c'est seulement maintenant que l'on découvre combien la cargaison précieuse et fragile que représentent les fils mille fois tressés a souffert des embardés perpétuels du navire. Par endroits, tout s'est emmêlé. L'enveloppe de gouttes à perchats s'est usée sous l'effet du frottement ou déchiré. Sans trop y croire, on essaie à plusieurs reprises de dérouler quand même le câble, mais ces tentatives se soldent par la perte d'environ 200 milles de câbles qui disparaissent à jamais dans l'océan. Pour la deuxième fois, on met pavillon bas et l'on rentre sans gloire au lieu du triomphe espéré. Le troisième voyage Pâles, déjà au courant de la funeste Noël, les actionnaires attendent à Londres, ce Cyrus Field qui les guide et qui les fourvoie. La moitié du capital action a été dilapidé lors de ces deux voyages et rien n'a été prouvé. Aucun objet n'a été atteint. Aucun objectif n'a été atteint. On comprend que la plupart disent maintenant assez. Le président conseille de sauver ce qui peut encore l'être. Il est d'avis que l'on retire des navires le reste du câble inutilisé, qu'on le vende aux besoins à perte et qu'enfin on tire un trait sur ce projet confus de transmission transoceanique. Le vice-président se joint à lui et envoie par écrit sa démission pour manifester qu'il ne veut plus rien avoir à faire désormais avec cette entreprise absurde. Mais la ténacité et l'idéalisme de Cyrus Field sont inébranlables. Rien n'est perdu, explique-t-il. Le câble lui-même a brillamment supporté l'épreuve et il en a encore suffisamment à bord pour renouveler la tentative. La flotte est rassemblée, les équipages sont enrôlés. La tempête inhabituelle survenue lors du dernier voyage laisse espérer à présent une période de beaux jours calmes. Courage, courage, encore une fois, c'est maintenant ou jamais qu'il faut risquer le tout pour le tout. Les actionnaires se regardent de plus en plus incertains. Doivent-ils confier à ce fou le reste du capital versé ? Mais comme une volonté ferme finit toujours par entraîner les hésitants, Cyrus Field obtient de haute lutte un nouveau départ. Ce 17 juillet 1858, cinq semaines après le deuxième voyage malheureux, la flotte quitte pour la troisième fois le port anglais. Et là se confirme encore l'expérience selon laquelle les choses décisives réussissent presque toujours en secret. Cette fois-ci, le départ passe complètement inaperçu. Aucun bateau, aucune barque n'entoure les navires pour leur souhaiter bonne chance. Aucune foule ne s'assemble sur le rivage, on ne donne aucun dîner d'adieu solennel. On ne prononce aucun discours, aucun prêtre n'implore l'assistance de Dieu. Les navires quittent le port comme pour une opération de piraterie farouche et silencieuse. Une mer favorable les attend. A la date prévue, le 28 juillet, onze jours après le départ de Queenstown, la gamème nonne et le Niagara peuvent, à l'endroit convenu au milieu de l'océan, commencer leur grande œuvre. Spectacle étrange. Les navires se tournent, poupe contre poupe, et on rive maintenant les deux extrémités du câble. Sans aucune cérémonie, sans même que les hommes à bord accordent à cette opération une importance particulière et sont trop épuisés par les essais infructueux, le cordage de fer et de cuivre descend entre les deux navires dans les profondeurs jusqu'au fin fond de l'océan qu'aucune sonde n'a encore exploré. Puis des saluts s'échangent encore une fois d'un bord à l'autre, d'un pavillon à l'autre, et le navire anglais met le cap sur l'Angleterre tandis que l'américain s'angle vers l'Amérique. Alors qu'ils s'éloignent l'un de l'autre, deux points qui se déplacent sur l'océan infini, le câble les maintient constamment en liaison. C'est la première fois de mémoire d'homme que deux navires peuvent se comprendre sans se voir par-delà le vent et les flots, par-delà l'espace et la distance. Régulièrement, à quelques heures d'intervalle, l'un des deux annonce les miles parcourus au moyen d'un signal électrique venu de la profondeur de l'océan et chaque fois l'autre confirme qu'il a aussi, grâce aux excellentes conditions météorologiques, effectué le même trajet. Ainsi s'écoule une journée, puis une deuxième, une troisième, une quatrième. Le 5 août, le Niagara a enfin signalé qu'à Trinity Bay, c'est-à-dire Terre-Neuve, il voit devant lui la côte américaine. Après avoir posé pas moins de miles, pas moins de 1030 miles de câble, et de même l'Agamemnon, qui a également laissé derrière lui près de 1000 miles de câble dans les profondeurs de la mer, peut annoncer triomphalement qu'il est, de son côté, en vue de la côte irlandaise. Pour la première fois, la parole humaine s'échange d'un continent à l'autre, de l'Amérique à l'Europe. Mais ces deux navires, ces quelques centaines d'hommes dans leur abri de bois, sont les seuls à savoir que l'exploit est réalisé. Le monde, qui a depuis longtemps oublié cette aventure, l'ignore encore. Personne ne les attend sur les rivages, ni à Terre-Neuve, ni en Irlande. Mais à la seconde même, où le nouveau câble transocéanique sera relié au câble terrestre, l'humanité entière sera informée de l'immense victoire qu'elle a remportée. Hosanna ! C'est précisément parce que cet éclair de joie tombe d'un ciel serein qu'il produit une telle embrassement. Presque à la même heure, dans les premiers jours d'août, l'Ancien et le Nouveau Continent apprennent les nouvelles du succès. L'effet est indescriptible. En Angleterre, le Times, d'ordinaire si réservé, écrit dans son éditorial Depuis la découverte de Christophe Colomb, il ne s'est rien produit de comparable en aucune façon à cet élargissement considérable de la sphère de l'activité humaine. Et la City est dans un état d'excitation intense. Mais cette joie pleine de fierté qu'éprouve l'Angleterre paraît pâle et timide au regard de l'enthousiasme tumultueux de l'Amérique dès l'annonce de la nouvelle. Immédiatement, les affaires s'arrêtent. Les rues sont envahies de gens qui posent des questions, qui crient et discutent bruyamment. Du jour au lendemain, un homme complètement inconnu, Cyrus W. Field, est devenu le héros d'un peuple tout entier. On n'hésite pas à le placer au même niveau que Franklin et Christophe Colomb. La ville entière et sans autre derrière elle tremble et vibre d'impatience de voir l'homme qui, par sa détermination accomplie, le mariage de la jeune Amérique et du vieux monde. Mais l'enthousiasme n'a pas encore atteint son compte car, pour l'instant, on n'a reçu que la nouvelle sèche de la pose du câble. Mais pourra-t-il aussi parler ? A-t-on réussi l'exploit, le vrai ? Spectacle grandiose ! Une ville entière, un pays entier, attend des guêtes un seul mot, le premier mot qui traversera l'océan. On sait que la reine d'Angleterre transmettra avant tout le monde son message de félicitation. On l'espère chaque jour avec plus d'impatience. Mais plusieurs jours s'écoulent encore car, par un hasard malheureux, le câble de Terre-Neuve est justement en dérangement. Et c'est seulement le 16 août que le message de la reine Victoria parvient dans la soirée à New York. L'information tant désirée arrive trop tard pour que les journaux puissent en faire la communication officielle. Elle ne peut qu'être affichée devant les bureaux du Télégraphe et les rédactions. Et immédiatement, une foule immense amasse. Arrassés, les vêtements déchirés, les newspaper boys doivent se frayer un chemin à travers l'accueil. On annonce la nouvelle dans les théâtres, dans les restaurants. Des milliers d'hommes qui ne peuvent pas encore concevoir que le Télégraphe devance de plusieurs jours le navire le plus rapide se précipitent au bord de Brooklyn pour saluer le héros de cette victoire pacifique, le Niagara. Le lendemain, 17 août, les journaux exultent avec des titres larges comme le point Des couples en ordre parfait. Tout le monde fou avec joie. Tremendes sensations à travers la ville. Annonce le moment d'un Jubilé universel. Triomphant pareil pour la première fois depuis l'avènement de la pensée sur la Terre, une idée s'était lancée avec sa propre vitesse par-delà l'océan. Et déjà, 100 coups de canon grondent depuis la batterie pour annoncer que le président des États-Unis a répondu à la reine. Personne n'ose plus douter maintenant. Le soir, New York et toutes les autres villes brillent de dizaines de milliers de lumières et de flambeaux. Chaque fenêtre est illuminée et la joie est à peine troublée par l'incendie qui se déclare dans la coupole de City Hall. En effet, le lendemain amène déjà une nouvelle fête. Le Niagara est arrivé. Cyrus W. Field, le grand héros, est là. Le reste du câble est porté en triomphe à travers la ville et en offre à manger et à boire à l'équipage. Jour après jour, les manifestations se répètent à présent dans chaque ville, de l'océan Pacifique jusqu'au Golfe du Mexique. Comme si l'Amérique célébrait pour la seconde fois sa découverte. Mais cela ne suffit toujours pas. Il faut que la vraie marche triomphale soit encore plus grandiose. Ce sera la plus magnifique que le nouveau continent ait jamais vue. Les préparatifs durent deux semaines et le 31 août, une ville entière fête un nouvel homme. Cyrus W. Field, comme sans doute aucun vainqueur, n'avait été fêté par son peuple depuis l'époque des empereurs et des Césars. En cette splendide journée d'automne se forme un cortège tellement long qu'il lui faut six heures pour parvenir d'une extrémité de la ville à l'autre. En tête défilent à travers les rues pavoisées les régiments avec bannières et drapeaux, suivis par un cortège interminable où figurent les sociétés philharmoniques, les chorales, les orphéons, les pompiers, les écoles, les vétérans. Tout ce qui peut marcher marche. Tout ce qui peut chanter chante. Tout ce qui peut manifester leur allégresse la manifeste. Comme un triomphateur antique, Cyrus Field est transporté dans une voiture athlée de quatre chevaux. Le commandant du Niagara dans une autre et le président des Etats-Unis dans une troisième. Les maires, les magistrats, les professeurs viennent derrière. Allocutions, banquets, retraites au flambeau se succèdent sans interruption. Les cloches des églises sonnent, les canons tonnent. Des cris d'allégresse ne cessent de résonner autour du nouveau Christophe Colomb, de celui qui a réuni les deux mondes, vaincu l'espace, de l'homme qui est devenu en cet instant l'Américain le plus célèbre et le plus idolâtré. Cyrus W. Field. Qu'on le crucifie ! Des milliers et des milliers de voix expriment ce jour-là bruyamment leur allégresse. Une seule, la plus importante, reste étrangement muette au cours de cette fête, celle du télégraphe électrique. Peut-être, Cyrus Field, pressent-il déjà, au milieu de l'exultation, la terrible vérité ? Et on imagine l'horreur que cela doit représenter pour lui d'être le seul à savoir que, précisément ce jour-là, le câble transatlantique a cessé de fonctionner, que, après ces derniers jours où n'étaient déjà plus parvenus que des signes confus et à peine lisibles, le câble a émis son ultime râle, rendu son dernier soupir. Personne dans toute l'Amérique n'est encore au courant, ni même ne se doute de cette défaillance progressive, hormis les quelques hommes qui contrôlent la réception des émissions à Terre-Neuve. Et ceux-ci hésitent encore, pendant plusieurs jours, face à un enthousiasme aussi démesuré, à annoncer la mer nouvelle à la foule en liesse. Mais on s'aperçoit bientôt que les informations n'arrivent plus qu'au compte-gouttes. L'Amérique s'est attendue à ce que, désormais, une communication traverse l'océan toutes les heures comme un éclair. Au lieu de cela, on recevait seulement, de temps en temps, un message vague et incontrôlable. Une rumeur sourde ne tarde pas à circuler, poussée par le zèle et par l'impatience d'obtenir de meilleures transmissions, on aurait envoyé des décharges électriques trop fortes et gravement endommagées le câble, de toute façon insuffisant. On espère encore venir à bout du dérangement. Mais il est bientôt impossible de nier que les signes sont devenus de plus en plus balbutiants, de plus en plus incompréhensibles. Et juste en ce pénible lendemain de fête, le 1er septembre, plus aucun son, plus aucun son clair, plus aucune vibration pure ne parviennent par-delà l'océan. Or, il n'est rien que les hommes pardonnent, moins que d'être dégrisés au beau milieu d'un enthousiasme sincère et de se voir traîtreusement déçus par quelqu'un dont ils attendaient tout. A peine le bruit de la défaillance du télégraphe tant célébré est-il confirmé que l'immense vague d'enthousiasme se métamorphose en une exaspération hargneuse envers le prétendu coupable. Cyrus W. Field a trompé une ville, un pays, un monde. Il était depuis longtemps au courant de la défaillance du télégraphe, affirme-t-on, dans la city, mais par égoïsme. Il s'est laissé porter en triomphe et en a profité, en attendant pour vendre les actions qui lui appartenaient avec un bénéfice énorme. Des calomnies encore plus malveillantes circulent. La plus étrange d'entre elles affirme péremptoirement que le télégraphe transocélanique n'a jamais fonctionné correctement. Tous les messages relèveraient de la duperie et de la mystification. Le télégramme de la Reine d'Angleterre aurait été rédigé à l'avance et n'aurait jamais été transmis par l'intermédiaire du télégraphe transocéanique. Pas une seule nouvelle, selon cette rumeur, ne serait parvenue claire et distincte de l'autre côté de l'océan. Et les directeurs de la compagnie se seraient contentés, pendant tout ce temps, de concocter des dépêches imaginaires à partir de suppositions et de signes incohérents. Un véritable scandale éclate. Ceux qui la veille avaient manifesté le plus bruyamment leur allégresse sont maintenant les plus déchaînés. Une ville entière, un pays entier, a honte de son enthousiasme délirant et précipité. Cyrus W. Phil est la victime désignée de cette colère. Celui qui hier encore était considéré comme un héros national et un demi-dieu, comme le frère de Franklin et le défendant de Christophe Colomb, est contraint à se cacher de ses amis et admirateurs de Naguère tel un criminel. Un seul jour a été créé, un seul jour a tout créé, un seul jour a tout détruit. La défaite est incommensurable. Le capital est perdu. La confiance dissipée. Et tel Midgasorn, le serpent de la légende, le câble inutile repose dans les profondeurs insondables de l'océan. Six années de silence. Pendant six ans, le câble oublié gît inutilisé dans l'océan. Pendant six ans règne à nouveau, comme autrefois, un silence glacial entre les deux continents dont les poux avaient battu. L'espace d'une heure historique est même au même rythme. L'Amérique et l'Europe, qui avaient été proches l'une de l'autre le temps d'un souffle d'une centaine de mots, sont à nouveau séparés comme depuis des millénaires par une distance infranchissable. Le plan le plus audacieux du XIXe siècle, presque réalisé hier, est redevenu une légende, un mythe. Évidemment, personne ne songe à reprendre l'œuvre à moitié aboutie. Cette terrible défaite a paralysé toutes les forces, étouffées tout enthousiasme. En Amérique, la guerre civile entre le Nord et le Sud accapare la tension générale en Angleterre. Des comités siègent encore de temps à autre, mais ils mettent deux ans à établir ce constat laconique. Une transmission par câble sous-marin serait théoriquement possible. Cependant, de ce rapport académique à la réalisation, il y a un chemin que personne ne songe à emprunter. Pendant six ans, tous les travaux sont abandonnés, à l'image du câble oublié au fond de l'océan. Mais six ans, même s'ils ne sont qu'un instant éphémère dans les spaciements de l'Histoire, représentent un millénaire pour une science aussi jeune que l'électricité. Chaque année, chaque mois amènent dans ce domaine de nouvelles découvertes. Les dynamos deviennent de plus en plus puissantes, de plus en plus précises, leur emploi se diversifie de plus en plus, les appareils sont de plus en plus exacts, le réseau télégraphique couvre déjà l'intérieur de tous les continents, la Méditerranée est déjà traversée, déjà l'Afrique est reliée à l'Europe. Ainsi, d'année en année, le projet de poser un câble à travers l'océan Atlantique perd peu à peu le caractère fantastique qui lui avait été si longtemps attaché. Inéluctablement, l'heure viendra où l'on renouvellera l'expérience. Il ne manque que l'homme qui insufflera à l'ancien projet une énergie nouvelle. Et soudain, cet homme est là. Il se trouve que c'est celui d'autrefois, le même, animé de la même foi et de la même confiance, Cyrus W. White, qui s'est relevé de l'exil auquel l'avait condamné le mépris et la haine. Pour la trentième fois, il a traversé l'océan et il réapparaît à Londres. Il réussit à pourvoir les anciennes concessions d'un nouveau capital de 600 000 livres. Et maintenant, on dispose enfin d'un navire gigantesque dont on avait longtemps rêvé, capable de contenir à lui seul l'énorme cargaison. C'est le célèbre Great Eastern, avec ses 22 000 tonnes et ses quatre cheminées construits par Asbart Brunel et autres prodiges. Il est inutilisé en cette année 1865 à cause, là aussi, de sa conception trop audacieuse et trop en avant sur son temps. En l'espace de deux jours, il peut être acheté et équipé pour l'expédition. Maintenant, tout ce qui avait auparavant présenté d'immenses difficultés est devenu aisé. Le 23 juillet 1865, le navire géant quitte la tamise chargée d'un nouveau câble. Même si la première tentative était un fiasco, deux jours avant le but, la pose du câble échoue à cause d'une déchirure et l'océan insatiable avale à nouveau 600 mètres de sterling. La technique est déjà assez éprouvée pour qu'on ne se laisse pas décourager. Et lorsque le 13 juillet 1866, le Great Eastern quitte à nouveau le port, le voyage se révèle un triomphe. Le son transmis par le cap parvient cette fois clairement et distinctement jusqu'en Eros. Peu de jours après, on retrouve l'ancien câble perdu, deux lignes relient l'ancien et le nouveau monde. Désormais, soudés l'un à l'autre, le miracle d'hier est devenu aujourd'hui une évidence. Et à partir de cet instant, la Terre entière bat, si l'on peut dire, d'un seul cœur. Les hommes qui s'entendent, se voient, se comprennent, vivent à présent au même rythme d'une extrémité à l'autre de la Terre, devenus à l'image de Dieu, omniprésents grâce à leur propre force créatrice. Et l'humanité serait merveilleusement unie à jamais, grâce à sa victoire sur l'espace et le temps, si elle ne se laissait troubler sans cesse par l'idée folle et funeste de détruire cette unité grandiose et d'utiliser précisément les moyens qui lui confèrent la puissance sur les éléments pour s'anéantir elle-même. C'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus puissant, c'est ce qu'il y a de plus Money over all means tribulation Bondon is modern civilization Millions of years of evolution Constantly fighting against age of patience But love and unity is still the key All the people dem a ask for peace Yes, dem a never tell you how easy it is Think dem a turning freewheel again Some can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it Can't believe it