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Frida Kahlo, unable to get out of bed due to pain, longs to paint. Her monkey, Kévido, finds brushes and a canvas. He calls on his friends to bring fruits and paints. They create a still life on the canvas, and Frida is overjoyed. They even bring her a flower and a bird. Frida thanks them and begins to paint their portrait. Des pinceaux pour Frida, écrit par Véronique Massenot et Élise Monceau. Une histoire pour découvrir l'œuvre d'art de Frida Kahlo. Ce matin, rien ne va. Frida veut se lever, mais elle ne le peut pas. Son dos la fait souffrir, et ses jambes refusent de lui obéir. Du fond de son nez, elle appelle son avis. — Kévido, chérie, s'il te plaît, aide-moi, je veux peindre. Silence, Diego est sorti. Les lides sont tirées. Frida essaie de se redresser pour allumer la lampe sur la table de nuit. Une douleur vide la fout droit et lui fait renverser, d'un geste maladroit, le plateau posé. Un fouet tombe et roule à travers la chambre. Le pot de pinceau gît à terre, brisé en trois morceaux. Frida serre les poings et les dents. Sa maison bleue, toute entière, lui semble repeinte en noir. Dehors, dans un coin du patio, Kévido aperçoit quelque chose rouler sur les carreaux. — C'est une orange, le sang je l'attrape et dresse l'oreille. À une heure, j'achète du thon. Cette voix familière qui essaie de têcher sa peine et sa colère. À qui donc s'adresse-t-elle ? Cloué au lit, les yeux fermés, Frida fredonne une vieille cantine enfantine. — A la dos, como arras, à deux heures, je m'enduris. Que faire d'autre que compter, compter, compter, pour patienter ? Chaque minute, chaque seconde, sans pendre, lui semble perdue. Tic-tac, tic-tac, tic-tac, fait son coeur dans sa cage. La douleur la tient prisonnière, toute entière. Non, derrière ses paupières baissées, son imagination se met à dessiner. À la treize, à trois heures, je veux une grande toile blanche, des pinceaux de toutes les tailles et de la couleur en pâle gris. Kévido, dans le patio, mange l'orange et réfléchit. Une toile, des pinceaux, il sait où en trouver, il y en a plein de la maison. Des couleurs aussi, d'ailleurs, le bleu azur des murs, le rouge sang de la pyramide, le jaune d'or des meubles de bois peint, les verres du jardin de Cacuffe. Mais comment les lui apporter ? Frida peint dans sa tête et continue d'inventer, de nouvelles paroles à sa vieille comptine enfantine. À quatre heures, je veux les plus beaux modèles, pastèques, papayes et ananas, noix de coco, bananes et avocats. Tout ça, Kévido n'a que deux bras. Le petit singe est content d'avoir trouvé la toile, quelques pinceaux et cette belle boîte de tubes colorés. Mais pour le reste ? Si, Kévido a une idée, le voilà qui grimpe sur le mur et saute dans la rue, du haut du plus bel arbre du quartier. Son cri s'envole puis rebondit de cime en cime jusque dans la forêt. Le singe appelle ses amis, la voix de Frida toujours au fond de son lit. C'est un peu apaisé, déjà. À cinq heures, je pose et dispose mes fruits, je compose une nature morte, pleine de vie. Oh là là, si Frida voyait ça ! Kévido, Fulangchang et deux autres petits singes, araignées, courent tout Mexico pour deux noix de coco. Elles chantent encore quand elles reviennent à la maison et dessinent du doigt sur la toile de son drap. À six heures, je trace les contours de mon prochain tableau. À sept heures, Frida n'a pas le temps d'inventer la soupe. Quatre singes tout noirs, chargés dans sa crie bric-à-brac, font une entrée théâtrale et triomphale dans sa chambre et sur le lit. Les voilà qui posent en vrac leur fatras. Une toile, des pinceaux, de la peinture et des fruits, explosons de couleurs et de joie. Ils ont même apporté une fleur, un bel oiseau de paradis. Frida éclate de rire, elle écarte les bras et d'un bond, son petit singe vient s'y blottir. Du fond de mon cœur, je te remercie, toi et tes amis. Puis elle saisit la toile, un pinceau, elle reprend sa chanson. À huit heures, êtes-vous prêts ? Je fais notre portrait.