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La dose audio 16

La dose audio 16

Les Fées FâchéesLes Fées Fâchées

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00:00-10:49

Dose du 20 novembre : Téa Obreht / La femme du tigre (extrait) Traduction de l’états-unien : Maria Boudewyn Najwan Darwish / La mère de Charles (Baudelaire) Traduction de l’arabe : Abdellatif Laâbi Nicolas Offenstadt / Urbex (extrait) Judith Schalansky / Atlas des îles abandonnées (extrait) Traduction de l’allemand : Elisabeth Landes Pierre Vinclair / Le plus quoi ? Pierre Cendors / Minuit en mon silence (extrait)

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Transcription

The passage discusses different topics, making it difficult to provide a concise summary. It mentions the 40 days of the soul after death, the belief that the soul visits places from its past, and the hope that it will return. It also mentions the concept of urbex, which involves exploring abandoned places without permission. Additionally, it briefly discusses a condition on an island where some people are unable to see colors. Lastly, it includes excerpts from poems discussing the nature of art and beauty. Une certaine dose de peau, de peau, et une certaine dose de peau et, et, et, et vie ! Les 40 jours de l'âme commencent le lendemain de la mort. La veille, avant le début des 40 jours, l'âme repose sur des oreillers trempés de sueur et regarde les vivants lui replier les mains et lui fermer les yeux, remplir la pièce de fumée et de silence, afin de l'empêcher de s'écouler comme un cours d'eau par les portes, les fenêtres et les fissures du plancher. Les vivants savent qu'au point du jour l'âme les quittera pour se rendre sur les lieux de son passé, les écoles et les dortoirs de sa jeunesse, les campements militaires et ses logements successifs, les maisons rasées jusqu'aux fondations puis reconstruites, des lieux évocateurs d'amour et de culpabilité, de soucis et de bonheur sans frein, d'optimisme et d'extase et d'instants de grâces insignifiants aux yeux de tout autre. Or, il arrive que le voyage de l'âme l'emmène si loin, si longtemps qu'elle en oublie de revenir. Pour cette raison, les vivants suspendent leur propre rite. Afin d'accueillir l'esprit libéré depuis peu, ils cessent de faire le ménage, ne rangent pas la maison et ne débarrassent pas les affaires de l'âme avant quarante jours, dans l'espoir que la nostalgie la fera revenir, l'incitera à rentrer, porteuse d'un message, d'un signe ou encline à pardonner. Pour peu qu'on l'attire comme il se doit, l'homme reviendra au fil des jours fouiller dans les tiroirs, inspecter les placards, chercher du réconfort auprès des vestiges tangibles de son passage sur terre en examinant les gouttoirs à vaisselle, la sonnette et le téléphone, en se rappelant leurs fonctions et en touchant pendant ce temps des objets qui, par le bruit qu'ils produiront, avertiront de sa présence les occupants de la maison. Théa Aubret, La femme du tigre. Extrait. Traduction de l'États-Unis. Maria Boudewijn. Tu as vu ce que la poésie a fait de nos enfants ? Najuan était adorable quand il était petit. Mais la mère de Charles reste silencieuse comme la dernière épine dans le jardin du mal. Najuan Darwish. La mère de Charles. Baudelaire. Traduction de l'Arabe. Abdelatif Lahabi. La définition de l'urbex est assez simple tout en demeurant ouverte. C'est, selon nous, une visite approfondie et sans autorisation le plus souvent d'un lieu marginal, délaissé ou abandonné. Elle se fait en général sans but lucratif, du moins en première instance, car l'exploitation commerciale de photos ou vidéos peut aussi en découler, on le verra. Même si certains ont proposé d'utiliser le terme rurex, exploitation rurale, voire rurebex pour des visites de cet ordre en dehors des villes, le terme est moins utilisé et l'on garde le plus souvent celui d'urbex pour tout type de situation géographique. Nicolas Offenstadt. Urbex. Extrait. L'Urbex. Même les cochons ici sont noirs et blancs, comme si ces animaux étaient faits exprès pour les soixante-quinze habitants de Pingelap qui ne peuvent voir les couleurs. Ni le pourpre au flamboyant du soleil couchant, ni l'azur de l'océan, ni le jaune vif de la papaye mûre, ni l'intense vert pérenne de la jungle touffue d'arbres rapins, de cocotiers et de mangroves. La faute en revient à la mutation du chromosome numéro 8 et au cyclome Lengkeki qui a ravagé l'île il y a des siècles de cela. De nombreux habitants ont péri alors et seule une vingtaine d'entre eux ont survécu à la famille qui suivit, dont des porteurs du gène récessif qui fut bientôt dominant dans le contexte de la consanguinité. Aujourd'hui dix pour cent des habitants sont affectés d'une complète cécité aux couleurs. Ailleurs ils sont moins d'un sur trente mille. On les reconnaît à leur visage baissé, au perpétuel clignement de leurs yeux, au frémissement de leur popia qui se ferme sans arrêt et aux rides qui se forment au-dessus de leur nez à force de cligner des yeux. Ils évitent le jour, la lumière et ils ne quittent bien souvent qu'au crépuscule leur cabane dont les fenêtres sont tapissées de feuilles de couleurs. Mais dans l'obscurité ils déploient une grande activité et se meuvent plus librement que nul autre. Nombre d'entre eux affirment se souvenir toujours de leurs rêves et certains disent même voir la nuit les bancs sombres de poissons d'eau profonde qu'ils reconnaissent à la faible lueur lunaire reflétée par les petites nageoires. Leur monde a beau être gris, ils soutiennent pouvoir distinguer des choses qui restent cachées à ceux qui voient les couleurs, une polyphonie insoupçonnée de lueurs et de clairs obscurs. Ils ne cessent de pester contre la niaiserie des discours sur la splendeur des couleurs qui à leur sens nous détournent de l'essentiel, la richesse des formes et des dégradés, des structures et des contrastes. Judith Chalansky, Atlas des îles abandonnées, extrait, traduction de l'allemand Elisabeth Land. J'avais déjà remarqué le cerisier, cimes roussies fondées en vert et les feuilles d'érable jaunes, j'enchant le bitume avant de monter en voiture. Je pianote sur mon téléphone, le cerisier, les feuilles d'érable, le jour le plus beau de l'année, bientôt, l'hiver, il n'y aura plus rien à dire. En route je songe, non pas témoigner de la beauté de la nature, mais noter le jour, tardif de plus en plus sans doute, à partir duquel chacun donne moins minutes de lumière, couleurs, degrés qu'il ne prend, sauf à penser la fin de ce que l'on désirerait sans fin ou la beauté des crises. Pierre Vinclaire, Le Pluquois Alors les mythes nous trompent, les légendes nous mentent, chaque poème, chaque conte, tout art, comme toute beauté, corrompt et égare. Si le poète n'est qu'un vieil enfant et son poème un fil, tremblant pauvrement tendu au-dessus de la vie, qu'il tombe, son sommeil est plus cruel que le réveil, qu'il tombe, son rêve nous assassine, qu'il tombe et qu'on l'achève du talon s'il respire encore, son cadavre continuerait à nous étouffer en crevant. Mais si les mythes disent vrai, si l'on surprend en eux comme le miroir de l'âme le secret de notre secret, si le poète est un veilleur et le poème marque l'heure où un chemin rencontre notre ardeur, si la beauté est un oracle et l'empreinte encore fraîche, ororale d'une nudité originelle, alors un homme se doit écouter les voix futures de son désir, alors un homme se doit à ce qui enfouit en lui, devient souffle et réalité. Je ne crois pas qu'il faille d'autre courage que celui-là. Pierre Sandor, Minuit en mon silence, extrait

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