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Discussion entre membres de l'Académie française avec René GIRARD

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ПОДПИСЫВАЙТЕСЬ НА НОВЫЕ ВИДЕО! ПОДПИСЫВАЙТЕСЬ НА НОВЫЕ ВИДЕО! Nous revoilà avec les mêmes dans le studio, Marie Vonne que vous venez d'entendre, Jacques Trémolet de Villers, avocat, écrivain, René Girard, philosophe de l'Académie Française, Patrick Simon, avocat, écrivain, et au bout du fil, Jean Dutour de l'Académie Française. Vous êtes là ? Oui, oui, je suis là, bien sûr, toujours. Pourquoi ? Et Alain Paucard, écrivain. Oui, bonjour à tous. Quoi ? Monsieur Dutour ! Oui, Monsieur Paucard. Eh bien, vous savez, je crois que ce soir, si je vous pose la question, quoi de neuf, vous allez enfin pouvoir répondre. Et qu'est-ce que je répondrai, d'après vous ? Eh bien, vous allez répondre que, quand même, depuis juin 2004, vous nous aviez abandonnés, et heureusement, vous revenez. Eh oui, avec les amoureux sous le chêne qui écrasent le roseau. Ah, bon, d'accord, oui, oui. Parce qu'en juin 2004, vous avez sorti votre dernier livre, et maintenant, c'est votre avant-dernier. Euh, oui, c'est mon après-dernier, je ne sais pas. Vous me mettez là dans une espèce de continuum d'espace-temps où je ne me reconnais plus. Bon, bref, vous venez de publier, il est en librairie, il est tout chaud, comme les petits pains, vous venez de publier un recueil de nouvelles. C'est exact, oui, vous êtes très bien informé. On me l'a dit. Mais l'informateur ne me cache rien. Vous savez, je crois qu'il est en librairie depuis hier seulement. Oui. Alors, vos informateurs sont des gens très rapides. Alors, il s'intitule ? Il s'intitule « Les perles et les coches ». Et il est en librairie ? Euh, je crois qu'il est depuis hier, oui. Oui, oui, et il est chez Plon ? Il est chez Plon, oui, quand il n'est pas en librairie. C'est les perles de la sécurité sociale, mais... On va bien le lire, et après, on va vous passer sur le grill. Oui, bien sûr, je ne demande que ça. Vous savez, c'est le rêve de tous les auteurs. Oui, j'avais pensé au Pal, mais c'est peut-être un peu exagéré. Euh, oui, c'est celui qui commence bien et qui finit mal. Exactement. Dites-moi, vous n'avez pas lu une très bonne nouvelle, récemment, dans une revue littéraire ? Euh, si, une nouvelle de Kayad. Oui ? Oui, ah ben, Kayad, je suis très content qu'il ait été publié, parce que c'est un écrivain de talent. J'ai même fait pour lui, ce que je ne fais pas très souvent, j'ai écrit une préface. Oui, pour un très bon livre à l'âge d'homme. Un très bon livre qui s'appelait... qui s'appelait comment ? « Hitler tout craché ». « Hitler tout craché », qui est un très bon titre, en plus. Et là, il vient de publier une nouvelle excellente dans la revue littéraire. Oui, le pauvre Kayad, qui est un garçon impassant, il est tunisien, il écrit en français, et il est professeur de français dans un lycée de Stockholm, ce qui fait qu'il est complètement coupé de la vie littéraire parisienne, et que, évidemment, les choses sont plus difficiles pour lui que pour un autre. Il y a quelqu'un pour qui la vie est beaucoup plus facile, et vous m'en avez parlé ce matin, et j'étais très étonné que vous vouliez nous en parler, il s'agit de Johnny Hallyday. Johnny Hallyday, c'est un cas passionnant, parce que ça montre, ça illustre quelque chose que j'ai toujours dit, enfin, c'est passionnant pour moi, c'est que l'important, sur cette Terre, c'est de durer. Et ça, il a duré. Parce que je me rappelle, quand il a commencé, tout le monde se fit chez lui, ça a duré assez longtemps, et même, je me suis amusé à raconter l'enterrement de Johnny Hallyday en 2024, dans un petit roman qui porte ce titre-là. Et puis maintenant, voilà que c'est devenu une espèce de vieux stage, il est là, comme ça, avec des imbécilités qu'il dit, qui sont absolument les mêmes que celles qu'il disait il y a 40 ans. Et bien, maintenant, elle est trouvée patente, on trouve que c'est de l'expérience. Ah, il en a dit une très belle, l'autre jour. Oui, c'est ce qu'il a dit. Il a dit, je ne voudrais pas jouer mon propre rôle dans un film de mon vivant. C'est très bien. Et vous savez, il m'avait habitué à mieux, j'étais jeune, c'était en 62, 63. Est-ce que vous avez connu un disquaire aux Champs-Élysées qui s'appelait Symphonia ? Ah oui, je me rappelle très bien, c'était tout en haut des Champs-Élysées. Et il y avait une pièce au sous-sol, où il y avait des imports. Et je me souviens, on était tout gamins, on arrive et il y avait Johnny en train de regarder les disques. Et il y a une petite gamine qui arrive et qui dit, partons, monsieur Johnny, qu'est-ce que vous pensez de Richard ? Et alors, à ce moment-là, il se relève, très théâtralement, il repousse les disques dans le bac et il dit, Richard, il est terrible ! Mais puisqu'on parle, c'est un monument historique, vous êtes d'accord avec moi ? Historique européen, puisqu'il veut être belge maintenant. Oui, on le sait. Il veut être belge et puis après, il est français avec un pseudonyme anglais, pour américain, et puis maintenant, il veut de nouveau être belge. Remarquez, c'est chiant. J'ai lu dans un journal, qui montre véritablement qu'il faut durer, Johnny, l'autre roi des belges. Non. C'est pas mal, ça. C'est dans le cigaro, mon cher. Remarquez, ça prouve quand même qu'il est un peu limité, parce qu'en général, on cherche plutôt à être suisse. Mais enfin, il n'y a pas de roi en Suisse. C'est vrai, c'est la seule république. Non, je pensais au monument historique, parce que vous me dites que vous avez lu un article, et vous avez fait un peu de mal dans le cigaro, sur la grande misère des monuments historiques. Ah ben, oui, qu'est-ce que vous voulez ? On n'a pas le sou, alors. Comment on dépense de l'argent à la bêtise ? Il n'en reste pas pour les choses utiles. Enfin, j'ai vu où est-ce qu'on allait classer une douzaine de fortifications de Vauban. Ah bon ? Oui, j'ai vu ça. Notamment celle de l'île, non ? La forteresse de l'île. On voit probablement les plus belles. J'ose espérer qu'on les choisira bien. Mais vous savez que, grâce à cela, justement, on ne va pas construire un stade à l'île, à côté de la forteresse de Vauban. Ah bon ? Et les amateurs de football sont désespérés. Ah, alors là. Mais ça fait rien. On va peut-être revenir à cause. Est-ce que vous avez remarqué, en tout cas dans Paris, que la tour Saint-Jacques et une des tours de Saint-Sulpice sont enveloppées d'échafaudages Depuis des années. Oui. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'on n'a pas de sous pour les bêtes. Pourquoi ? Parce qu'on préfère le donner aux intermittents du spectacle pour qu'ils fichent la paix. Mais c'est un avantage quand même. Ça fait deux tours en plus dans Paris, qui ressemble au centre Pompidou. J'étais là. Oui, bien sûr. C'est vrai. Encore que le centre Pompidou, ce soit plus moche. Ah, bien évidemment. Le centre Pompidou, ça ne fait pas provisoire. Non, c'est vrai. C'est hélas. C'est désespérant. Hélas. Non, mais là, écoutez une oreille d'espace parce que je voulais saluer mon confrère, mon nouveau confrère, M. Girard, que je suis heureux de retrouver un autre jour comme je l'ai eu. Bonjour, M. Dutout. Je suis ravi de vous entendre. Est-ce que vous êtes heureux à l'Académie ? Mais écoutez, je suis très heureux. Je trouve ce... Comment dirais-je ? D'abord, c'est très tranquille. On se repose très bien. Ah, ben... Je sais que le poète Lebrun avait apporté un petit oreiller pour pouvoir dormir plus tranquillement. Je me demande s'il était contre le mur. Je crois que les fauteuils avec les oreillettes, en fait, c'était des fauteuils plus confortables que ceux que nous avons. Ah oui, ceux que nous avons sont un peu durs. Quel est votre oreiller ? Un peu dur. Un peu dur. En tout cas, vous êtes très bien placé. Vous êtes à côté d'un homme qui était patent. Ah oui. Oui, oui, oui. Et il était un héros. Il était un héros. Oui, oui. Je l'admire beaucoup. Et qui est-ce ? Ah, M. Mesmer. C'est un héros. Ah oui. Regardez-vous devant Mesmer. Il l'a dit. Voilà. M. Gérard a la chance d'être à côté de Mesmer. Mais vous êtes tout prêt. Tout prêt. Mais je ne peux pas vous voir parce que... Mais allons me tourner devant. Vous êtes derrière. Oui, oui. Oui, c'est très étudié la façon dont nos tables sont disposées. Et oui, c'est encore une chose un peu secrète, peut-être dont il vaut mieux ne pas parler en public. Parce qu'il y a des secrets à l'académie. Ah, c'est plein de secrets. Il y a plein de secrets. Il y a plein de choses inédites. C'est du plus secret à Saint-Joseph. Oui, il faut. Si nous ne le faisons pas. Mais il faut quand même un peu impressionner les gens. Ce n'est pas la franc-maçonnerie, vous savez. Mais ça a l'air si sympathique. Est-ce que je ne peux pas y entrer aussi, moi ? C'est tout à fait dans vos cordes. Qu'est-ce qui vous empêche d'envoyer une dette de candidature ? Écoutez, il faudra que je le fasse un petit jour. J'adore les bonnes compagnies. Dites donc, à propos de bonnes compagnies, j'étais aussi très surpris. Voilà que maintenant vous vous intéressez à Ségolène Royal. Vous m'avez dit que c'était une sorte de triomphe de la communication politique. Vous me l'avez dit ça, moi ? Oui, vous m'avez dit ça ce matin. Complètement oublié. Ah bon ? Je vous ai même dit que c'était l'esplendeur et misère de la communication politique. Et vous savez ce que vous aviez ajouté ? Il faut vraiment que je fasse tout le boulot, crève. Oui, parce que vous êtes là pour ça. Vous m'avez dit que la communication, c'est la langue de bois. Je vous ai dit ça, je m'en souviens. Et c'est tout ça à propos de Ségolène ? Oui, oui. Elle parle la langue de bois, Ségolène ? On parle à tous. Enfin, tous. Oui, tous, tous. Oui, c'est vrai. Tiens, à propos, est-ce que vous avez lu le roman de Balzac sur les pharmaciens ? Sur les pharmaciens, il y a un roman de Balzac ? Oui. L'esplendeur et misère des cortisones. Ah oui. Oui, oui, bien sûr. Qu'est-ce que je peux être bête ? C'est bien pour ça que je vous demande que vous fassiez avec moi. Oui, mais maintenant on va parler de choses sérieuses, parce que vous avez reçu un livre, et vous, vous recevez des beaux livres. Qu'est-ce que j'ai reçu ? Ah oui, j'ai reçu un livre très bien, très intéressant, plein de choses tout à fait pertinentes, qui s'appelle le français administratif, et en sous-titre, écrire pour être lu. Ce qui n'est pas une phrase en l'air. Oh non ! Et c'est d'un garçon qui s'appelle Alfred Gilder, G-I-L-D-E-R, et qui est quelque chose au cabinet de M. Copé. M. Copé lui a mis une préface tout à l'honneur de M. Copé. Et c'est absolument épatant, parce qu'il montre comment le français administratif si sérieux, si pur, et si efficace, au XIXe siècle encore, c'est complètement tapatardi, il est devenu une espèce de poulie incroyable, où les mots ne signifient pas ce qu'ils devraient signifier. Et maintenant, ça donne des lois. Moi j'ai pensé tout le temps à Stendhal, qui disait que quand on écrit, il faut s'inspirer du code civil, et de là, j'ai pensé à Fernandel dans le schpouz, qui interprète sous plusieurs angles la fameuse phrase « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ». Ah, le schpouz ! Oui, c'est ça. Oui ! « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ». Et il annonce la façon dont il va le dire à chaque fois. « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ». Non mais ça, c'est un chef-d'œuvre, le schpouz. Ah oui, le schpouz, c'est très bien. Mais sans vouloir faire de relations de cause à FM, puisqu'on vient de parler du schpouz, c'est pas ça du tout, mais quel est le nom de l'auteur, vous dites ? Alfred Gilder, G-I-L-D-E-R. Le français administratif ? Il suffit d'être lui. Les éditions ? Alors, une édition que je ne connais pas. Glyphe ? Glyphe. C'est du grec ? Ben, probablement, oui. Oui. Enfin, c'est du franco-grec. C'est G-L-Y-P-H-E. Oui. Et avec ça, elle est fernandelle, on est sûr de résister aux charabiens. Ah non, mais c'est très bien. Vous parlez du bouquin ? Oui, je parle du bouquin. Et vous m'en avez dit des petits extraits aujourd'hui. Mais c'est flouissant. Écoutez, si ce que nous avons dit allèche le lecteur, qu'il l'achète. Parce que, d'abord, ça serait une bonne action. C'est bien d'acheter un livre qui défend le français. Un lecteur alléché, ça c'est une belle formule, vous voyez ? Oui. Si, j'ai peut-être noté un petit truc. Ah bon ? Voilà. Économisez les adverbes. Non, je ne vais pas vous dire, parce que c'est plein de choses tout à fait intéressantes. Ben justement, dites-en deux ou trois, quand même. C'est insatiable. M. Dutour, je voulais vous dire que... Oui, c'est à parler d'autres choses. Non, c'est entre parenthèses. Si, malheureusement, je n'ai toujours pas reçu votre livre Les Perdres et les Cochons, je viens de recevoir, il y a quelques heures, un livre d'un autre académicien, Maurice Drion, Les Mémoires de Maurice Drion. Je les avais vous lus. Vous les avez reçus, mais pas moi. Ben oui, je les ai reçus, et à l'intérieur, il y a un papier en librairie le 25 avril. C'est un très gros livre qui est publié chez Plon. Ils nous feront une émission avec vous deux. Ah ben, avec plaisir. Je voudrais demander à René Girard, comment est Maurice Drion à l'académie ? Ça doit faire un drôle d'effet, quand même. Il est très impressionnant, parce qu'il a un type d'éloquence qu'il porte formidablement. Et il parle beaucoup, avec beaucoup de pertinence, et il n'hésite pas à s'opposer lorsqu'il a envie de s'opposer à quelque chose. Ah ben, c'est un vieux lion, Maurice Drion. Mais oui. Vous savez, il a une éloquence, là. M. Girard trouve qu'il a une éloquence particulière. Non, il a une éloquence d'homme politique. Une éloquence politique ? De pas de terre à pas de terre. Vous avez remarqué ? Il accroche son raisonnement de pas de terre à pas de terre. C'est très intéressant à observer. C'est lui qui avait cette excellente formule quand il était ministre de la Culture. Ceux qui viennent avec une sébie dans une main et un cocktail Molotov dans l'autre trouveront porte-close. C'est pas mal. C'est pas mal, mais c'était maladroit. Ils ont de quoi l'ouvrir. Par contre, ça montre qu'il était un homme de lettre qui dit les choses comme il les pense et comme il les sent. Ils n'ont pas un homme politique qui se sert de la langue de voix. Il fallait dire qu'il y aurait quand même une petite adéquation à faire entre les gens qui demandent des subventions et qui, d'autre part... Des débordements. D'autre part, conservent dans l'arrière-salle de leur bistro tout un arsenal pour réclamer quelque argent à mettre dans la sébie. Les gens n'auraient rien compris. Oui, mais il serait encore ministre. Parce qu'à l'époque, il n'y avait pas d'entreprise de communication. Et non. Et voilà. Ah non, parce qu'il était homme de lettre et qu'il appellait les choses comme elles sont. Cher Jean Dutour, dites-nous sincèrement, si Ségolène Royal se présente à l'Académie, elle risque d'être reçue ? Je pense. Parce qu'elle a tout ce qu'il faut pour se présenter à l'Académie. Oui, enfin, moi je trouve qu'elle est assez jolie femme. Mais vous l'auriez peut-être près de vous, sur le fauteuil de droite ou de gauche ? Écoute, alors là, je vais vous dire, pour l'avoir près de moi, il faut tuer M. Evistos, ce que je ne souhaite pas. Ah ! Et il faut tuer M. François de Seigne. Ah non ! Alors je ne pourrais pas l'avoir près de moi. Excellent ! Sur vos genoux, alors. Eh bien, votre dialogue, Jean Dutour et Alain Paucard, nous a tellement plu que nous n'avons pas vu passer le temps. Et votre quart d'heure est très largement dépassée. Mais nous recommencerons. Nous recommencerons. Voilà. Et je suis heureux que vous ayez pu converser avec René Girard. Eh bien, je vous dis, Jean Dutour et Alain Paucard, à très bientôt. À bientôt. À bientôt. À bientôt.

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