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Non, ne laissons pas Jeanne d’Arc à l’extrême droite

Non, ne laissons pas Jeanne d’Arc à l’extrême droite

Diannick

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Tout le monde a toujours voulu récupérer Jeanne d'Arc, et ceux qui ont le plus réussi sont sans doute ceux qui en ont fait une figure de piété et de patriotisme. Et si on pouvait aussi voir en Jeanne une figure populaire, féministe, résistante, internationale ? Impossible ? Eh bien non, c’est ce que le philosophe Daniel Bensaïd a fait il y a trente ans dans son livre Jeanne de guerre lasse. Olivier Besancenot réhabilite, dans ce podcast, la Jeanne figure d’émancipation.

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Transcription

In this transcription, the speaker discusses the controversial figure of Joan of Arc and her significance in history. They emphasize that Joan of Arc was not just a symbol for the far-right, but a complex figure who fought for her beliefs. The speaker also highlights the role of the Church and French individuals in Joan of Arc's trial and execution. They mention a book called "Jeanne de Gerlas" by Daniel Ben Saïd, which explores a dialogue between Joan of Arc and the author. The speaker concludes by mentioning the historical connection between the working-class movement and the public representation of Joan of Arc. Salut à tous et à toutes, j'espère que vous allez bien. Alors aujourd'hui, je préfère vous le dire d'emblée, je ne vais pas me faire que des copains dans cette chronique et pour des raisons diamétralement opposées, seulement voilà, il y a une voix qui parle à mon fort intérieur et qui réclame un acte de réparation politique qui consiste à réintroduire au panthéon de l'histoire de l'émancipation une de ses plus grandes figures, j'ai nommé Jeanne d'Arc. Alors ne quittez pas, restez en ligne, ça va bien se passer, mais vous avez bien entendu, j'ai bien parlé de Jeanne d'Arc en tant que telle, c'est-à-dire celle qui a été littéralement phagocytée par l'extrême droite, l'extrême droite qui aime essentiellement la rebaptiser comme la pucelle d'Orléans, c'est plus chaste, plus vertueux que de convoquer son souvenir à partir de son seul prénom, même si c'est un prénom français et on sait à quel point les prénoms français c'est important de nos temps, l'extrême droite qui en a fait son étendard et qui prétend célébrer sa mémoire ou en tous les cas l'emmurer un petit peu plus encore dans sa statue de pierre, c'est selon les points de vue, chaque début du mois de mai. Alors pendant longtemps, ça a été quasiment exclusivement à l'occasion du 8 mai, c'est-à-dire la date anniversaire de la fin du siège d'Orléans 1429, lorsque les troupes militaires emmenées par l'enthousiasme, en particulier Jeanne d'Arc, ont libéré la ville de la domination anglaise. Au fur et à mesure du temps, il semblerait que la cérémonie d'extrême droite se soit de plus en plus accolée au 1er mai, histoire de tenter de faire de l'ombre à la journée internationale des travailleurs. Et quelques instants après sa fille, il rend à son tour hommage à Jeanne d'Arc à sa façon. C'est donc bel et bien de cette Jeanne d'Arc là dont je vais vous parler. Je ne vais pas bluffer, je ne vais pas faire semblant de convoquer une antithèse, un avatar, une hypothétique autre Jeanne d'Arc qui sommeillerait en Jeanne d'Arc elle-même sans qu'elle le sache, ce serait faire de la réculte politique comme les autres, ce serait pathétique en l'occurrence, il n'y a qu'une seule et unique Jeanne d'Arc, elle n'appartient qu'à elle-même, qu'à son temps et à son combat. Inutile donc d'imaginer par exemple que dans notre camp on va chercher par exemple à laïciser une sainte puisqu'elle est devenue sainte depuis sa canonisation en 1920, canonisation par l'église, église qui est d'ailleurs la seule responsable de sa mort, peut-être qu'il faut commencer par ça puisque c'est bien l'église qui a envoyé Jeanne d'Arc au bûcher le 30 mai 1431 à Rouen alors que Jeanne d'Arc n'avait quasiment pas 20 ans. C'est un tribunal religieux qui est responsable de tout ça, composé de 150 à 200 personnalités triées sur le volet, mandatées pour le faire, des abbés, des chanoines, une délégation ecclésiastique, une délégation théologique et pas des moindres, celle de l'ancienne université de Paris, tous autant qu'ils sont des officiels, tous autant qu'ils sont des français, car ce sont des français qui ont envoyé Jeanne d'Arc au bûcher en l'occurrence. Même s'il est tout à fait exact de rappeler à quel point les anglais n'étaient pas très loin, c'est le moins qu'on puisse dire puisque le procès a eu lieu à Rouen et Rouen à ce moment-là, à cet instant de la guerre, c'est quasiment le quartier général des anglais en France. Et puis, durant cette parodie de justice qui a été son procès en 1431, en l'occurrence, ça fait quasiment un an en réalité que Jeanne d'Arc est derrière les barreaux, depuis qu'elle a été arrêtée en mai 1430 à Compiègne par des soldats bourguignons. Alors les bourguignons, c'est une des deux dynasties françaises royales avec les armagnacs de l'autre qui ont les faveurs de Jeanne d'Arc en l'occurrence, une des deux dynasties royales françaises qui postulent au trône mais qui ont la spécificité de travailler en étroite collaboration dans tous les sens du terme avec les anglais. Et d'ailleurs, ce sont les bourguignons qui vont au mois de novembre de l'année 1430 vendre et livrer Jeanne d'Arc aux anglais en l'occurrence. Ce sont donc des français qui ont arrêté Jeanne d'Arc, qui l'ont donnée aux anglais et qui l'ont condamnée à mort pour hérésie, pour apostasie. Alors apostasie, c'est un terme un petit peu barbare pour dire que Jeanne d'Arc aurait renié ses idées religieuses. Et puis pour sédition. Les trois ensemble, ça commence à peser un petit peu. On va dire que dans le lexique, on n'est pas tout à fait raccord avec la panoplie du parfait réactionnaire en politique ou du parfait conservateur en politique. On est plutôt sous les couleurs militantes un petit peu adverses. On va dire ça comme ça. C'est-à-dire qu'aux yeux de ces accusateurs, il semblerait que Jeanne d'Arc avait un peu le profil de la sorcière avant l'heure. Alors je dis avant l'heure simplement pour ressignifier qu'à cet instant-là, le sinistre brévière qu'on va appeler le marteau des sorcières et qui va permettre légalement entre guillemets aux inquisiteurs de traquer les sorcières pendant plusieurs siècles n'a pas encore été rédigé. Il le sera en 1486-87 et il sera publié à Strasbourg en l'occurrence. Donc les grands coupables de la disparition de Jeanne d'Arc, c'est l'Église et ce sont des Français. Ça fait quand même beaucoup. Même s'il est vrai que l'Église a rapidement fait machine arrière après sa mort en 1456 lorsque les choses sont revenues un petit peu à la normale et que la papauté cette fois-ci a décidé de s'en mêler, son procès va purement et simplement être annulé. Le procès de 1431. Il va être annulé, mais attention, pour vif de forme. Je dis ça pourquoi ? Ça veut dire qu'en réalité, sur le fond, il aura fallu quand même attendre 5 siècles en 1920 avec sa canonisation pour la réhabilité en tant que telle. Et alors là, la réhabilité en la faisant passer quasiment de rien à tout, d'un claquement de doigts, du statut de, j'allais dire, dangereuse agitatrice impie à celui de figure de culte vénérable, sacré, sacralisé. Visiblement, on ne fait pas les choses à moitié dans l'Église comme vous le voyez et on ne va pas participer à cette compétition de mémoire. De mémoire sera un côté un petit peu pathétique, on va dire, en l'occurrence. Et puis, nos détracteurs nous renverront un petit peu dans nos cordes, en diront que les faits sont tenaces. Et c'est vrai. Oui, Jeanne d'Arc, elle était chrétienne, catholique, particulièrement pieuse. Elle disait entendre des voix en relation directe avec Dieu. Elle a voulu mettre un roi sur son trône, pas un dirigeant socialiste. C'est vrai. Et bouter les Anglais hors de France. Toutes choses qui, historiquement, sont parfaitement exactes. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir quel était le sens de son combat dans les circonstances où ce combat a eu lieu. Et je surligne dans ces circonstances-là. Est-ce que le sens de son action a participé, finalement, à vouloir rétablir l'ordre rétabli de l'époque ou alors le maintenir d'une manière ou d'une autre ? Ou est-ce qu'au contraire, elle a cherché, pour elle et pour les siens, à se débarrasser des chaînes qui pesaient sur son époque ? Et bien, c'est cette deuxième option qu'a choisie quelqu'un qui a énormément compté dans mon militantisme, qui était, figurez-vous, un dirigeant de la Ligue communiste révolutionnaire et philosophe qui s'appelait Daniel Ben Saïd et qui a écrit le livre, finalement, qui est le support de cette chronique qui s'appelle Jeanne de Gerlas. Alors Jeanne de Gerlas, il l'a écrit en 1991, c'est-à-dire à un moment où le siècle politique semblait s'être définitivement refermé sur toute espérance émancipatrice et à un moment où Daniel, pour des raisons intimes, a appris qu'il venait de contracter une maladie incurable, le sida, en l'occurrence. C'était tout ça qui l'a poussé à imaginer cet essai inclassable, hétérodoxe, héritique, diront certains, c'est-à-dire, il a imaginé un dialogue, rien que ça, entre Jeanne d'Arc et lui-même. Un dialogue de 23 nuits, d'un 8 mai, date donc de la fin du siège d'Orléans, jusqu'à un 30 mai, date de son supplice sur le bûcher, en l'occurrence. 23 nuits d'échanges sur l'univers dans lequel l'un et l'autre évoluent, sur les entre-mondes dans lesquels l'un et l'autre évoluent, c'est-à-dire Jeanne d'Arc d'un côté, tiraillée quelque part entre le Moyen-Âge et la Renaissance, et de l'autre, Daniel, en 1991, qui comme beaucoup d'entre nous, était déjà broyé entre, d'un côté, une épopée politique qui avait commencé en 1917 avec la révolution russe et qui venait de se refermer en 1989 avec la chute du mur de Berlin, et de l'autre, le début du cycle de la mondialisation capitaliste en tant que telle. L'un et l'autre, Daniel et Jeanne, faisant part de leurs doutes, de leurs espérances, de leurs désillusions, de ce qui les rassemble et de ce qui les sépare. Alors je ne vous cache pas qu'il y a probablement quelques dents qu'on grinçait dans les rangs de la ligue communiste révolutionnaire, quand même pas tous les jours qu'on écrivait un livre sur Jeanne d'Arc. Mais en fait, à sa manière, Daniel, à ce moment-là, n'a fait que retisser un fil qui, pendant très longtemps, a relié une bonne partie du mouvement ouvrier à la représentation publique de Jeanne d'Arc en tant que telle. Notamment sa fraction socialiste républicaine, mais pas que. Dans les publications syndicales, des articles de journaux, dans des discours, dans des références, ça a été vrai durant tout le XIXe jusqu'au début du XXe siècle, où il n'était pas rare, par exemple, que des jeunes socialistes, devant la statue, aillent donner le coup de poing à des royalistes pour leur empêcher d'imposer leur mainmise sur sa figure emblématique. Jusqu'à cet événement de la fin de l'année 1904, alors là je l'ai relu à plusieurs reprises pour être sûr que je ne me le trompe pas, jusqu'à un duel, vous avez bien entendu, un duel qui a opposé Jean Jaurès à rien que ça, à Paul Derouled, député nationaliste d'extrême droite. Un duel qui semble-t-il n'a pas marqué les annales de l'histoire militaire du duel, si j'ai bien compris, mais dont la seule raison remonte aux articles respectifs consacrés à Jeanne d'Arc. C'est-à-dire qu'à l'époque, on se la disputait, mais politiquement, pas comme pour dépouiller un cadavre, mais pour voir en quoi sa lutte pouvait avoir une incidence pour la situation actuelle. Or il semble que la guerre de 1914-1918 d'un côté, et puis surtout sa canonisation, c'est-à-dire sa reprise en main par l'église, ait fini d'éloigner des berges de la gauche sociale et politique, et bien l'imaginaire de Jeanne d'Arc en tant que tel. Ce qui aux yeux de Daniel était une injustice politique, une injustice qu'il tente de réparer dans ce livre par la voix de Jeanne d'Arc elle-même, qui l'interpelle. Et qui lui dit, Daniel, tu ne vas quand même pas me laisser entre les mains de l'extrême droite, tu ne vas pas me laisser entre les mains de ceux qui m'ont brûlé comme un fagot, et qui prétendent aujourd'hui que mon martyr fut une apothéose. Et donc Daniel dégraînait toutes les transgressions politiques, avec l'ordre établi, qui ont jalonné la courte vie de Jeanne d'Arc en tant que tel. Et il y en a eu, des transgressions politiques, plus qu'on croit. D'abord de la part de Jeanne d'Arc, qui en permanence a dû chercher à s'extraire de sa condition sociale. Elle, la fille de paysan Lorrain, née à Domrémy, qui part à l'assaut des plus puissants de ce monde. Pas dans une optique individualiste ou égoïste, mais dans le but que son camp social, c'est-à-dire le peuple, s'élève socialement. Et ne reste plus simplement spectateur des événements dans un contexte militaire, mais puisse peser sur son propre sort. Jeanne d'Arc, le peuple incarné en une femme, c'est la formule de l'historien Michelet, dans la biographie républicaine qui lui a consacré. Jeanne d'Arc, la damnée par excellence, ça c'est l'expression de Charles Péguy, notamment dans sa période lorsqu'il était encore socialiste et libertaire. Lui qui pensait que Jeanne d'Arc, plus que quiconque, incarnait les vertus de la pauvreté qui, aux yeux de Charles Péguy, était le symbole de la liberté en opposition à cette modernité bourgeoise et marchande qui l'exécrait par-dessus tout. Et il est vrai, le fait est que dans l'Odyssée de Jeanne d'Arc, il y a quelque chose qui résonne avec un contexte qui la dépasse, dans le temps et dans l'espace, qui la précède et qui va lui succéder. Qui est du domaine de ces mobilisations précisément de la pauvreté qui ne supporte plus son sort. Même au sein de l'église, on a dans ces années-là un petit clergé qui vit chichement et qui commence à paraître excédé par le fait que sa propre institution participe du système féodal qui exploite le peuple. Un siècle, par exemple, quasiment avant le périple de Jeanne d'Arc, on a eu ce théologien hétérodoxe en Grande-Bretagne, Wycliffe, qui avait déjà fait parler de lui pour vouloir vulgariser les saintes écritures et en même temps que l'église fasse un retour aux sources, c'est-à-dire plus proche du peuple. En l'occurrence, ses disciples, les lolards, vont choisir le camp des mendiants plutôt que celui des riches, ça va faire scandale. Dans leur registre, principalement en Flandre, les bégards vont faire la même chose. On a des actions de ce type-là dans les villes et dans les campagnes, c'est-à-dire au fond, on a quasiment déjà les germes, au-delà des divergences théologiques, de la guerre des paysans qui va exploser en Allemagne à partir du milieu du XVIe siècle, en l'occurrence. C'est-à-dire, en fait, les premières révoltes des pauvres, des paysans, des artisans, des tisserands, des cordonniers qui vont commencer à créer leur propre structure d'entraide pour résister à la misère. Les guildes, comme on veut les appeler, c'est-à-dire les ancêtres des corporations. Il y aura même, à cette époque-là, des croisades populaires qui vont s'organiser en dehors de toute institution et qui vont quasiment prendre le prétexte de la croisade pour lutter contre les privilèges de leur propre pays. Donc la question sociale, elle est omniprésente. Mais évidemment, quand on évoque Jeanne d'Arc, on doit d'abord évoquer celle qui a été confrontée à sa situation de femme du début jusqu'à la fin, dans sa famille, dans son milieu, dans sa région, lorsqu'elle va voir les notables locaux en leur disant que Dieu s'est adressé à elle pour rencontrer Charles VII. Évidemment qu'on la regarde de haut. On va évidemment aussi la snobber dans la cour de Charles VII quand elle arrivera enfin à le rencontrer au mois de mai 1429 à Chinon. Dans l'état-major de l'armée, ensuite, on va la toiser une fois qu'elle aura convaincu Charles VII qu'il est possible de libérer Orléans. Des gradés militaires qui vont la regarder comme étant cette jeune adolescente qui dit entendre des voix mais qui est d'abord avant tout une femme, qui prétend révolutionner les codes militaires, les codes de la guerre et qui va le faire. De cette guerre qui à ce moment-là n'en finit pas, la fameuse guerre de cent ans et qui dure déjà depuis plus de 90 ans, une guerre qui s'enlise dans une guerre d'opposition qui oppose les français et les anglais, qui s'observe et qui s'attaque à coups d'escarmouches ou de grandes batailles. Et bien Jeanne d'Arc, nous dit Daniel, va inventer quasiment la guerre de mouvement avant l'heure, c'est-à-dire avec un peuple qui va être le sujet de la victoire militaire en tant que telle et le fait est que ça a fonctionné pour la libération de la ville d'Orléans. Durant les semaines suivantes aussi dans toute la Loire jusqu'à la ville de Pathé le 18 juin 1429 où la cavalerie française va pouvoir prendre sa revanche en tant que telle sur la grande défaite qu'elle avait essuyée en 1415 à Avincourt contre les anglais très précisément. Mettre la Pathé à quelqu'un, l'expression elle vient de là. Jusqu'à la ville de Gien où là au début du mois de juillet Jeanne d'Arc va disposer d'une armée de 15 à 20 000 soldats en tant que telle ce qui va lui permettre d'organiser cette marche militaire armée jusqu'à Reims où le 17 juillet de la même année et bien Charles VII va pouvoir être sacré roi et obtenir donc la légitimité qui lui manquait jusqu'à présent. La mission est accomplie sauf que c'est toujours en tant que femme que Jeanne d'Arc à partir de là va être obligé de faire face à cette nouvelle situation de paria on pourrait dire puisque dès que la tentative de lever le siège à Paris au mois de septembre va échouer d'ailleurs Jeanne d'Arc va être blessée à cette occasion et bien Charles VII va prendre ses distances progressivement avec elle. On va lui retirer son armée de Gien, son armée donc de 15 à 20 000 soldats. La réale politique va reprendre ses droits et progressivement on va la regarder à distance comme une semi-démente qui s'entête à vouloir mener son combat jusqu'au bout jusqu'à sa détention jusqu'à son procès où là elle va être confrontée à un doux mélange de discrimination sociale et de discrimination sexiste. Elle la jeune adolescente qui entend des voix et qui en prime de tout ne sait ni lire ni écrire. Elle est confrontée à un parterre entièrement masculin durant son procès d'homme prétendument savant qui sous couvert de lui proposer une option qui lui éviterait le bûcher vont lui faire signer un acte de parjure signé d'une croix et pour cause. Et puis finalement il ira quand même au bûcher parce qu'elle aurait commis ce crime de lèse majesté de revêtir une fois encore une tenue masculine semble-t-il pour chercher à se préserver et bien des possibilités d'agression sexuelle de la part de ses geôliers dans la prison où il était retenu. Donc en réalité on n'a pas trace de ses écrits à elle puisqu'elle ne savait pas écrire on a trace du compte rendu du procès de son interrogatoire et Daniel Benzaie nous dit qu'à travers ses lignes on voit clairement et bien quelque chose qui se dessine qui est le contraire de toute docilité de toute servilité d'une femme qui aurait accepté sa condition et qui aurait pris comme argent comptant tout ce que lui aurait réclamé de répéter les institutions qu'elle soit politique ou religieuse. D'où c'est bien une Jeanne d'Arc émancipée, émancipatrice dont Daniel Benzaie nous fait l'éloge. Il nous fait l'éloge de sa jeunesse face à un vieux système qui refuse de disparaître, il nous fait l'éloge de son sens de l'indignation, elle qui était jamais indifférente à quelconque injustice mais qui ne supportait surtout pas que l'histoire apparaisse écrite par avance, que le temps paraisse pétrifié, qu'on ne puisse pas agir finalement sur le sort commun de l'humanité en tant que telle. Et on sait avec le recul du temps maintenant que les semaines durant lesquelles Jeanne d'Arc est intervenue et bien c'est le point de bascule de la guerre de cent ans. C'est déjà le début de la fin du tunnel en tant que telle. Elle fait partie de cet événement qui a brusqué le temps. Et puis Daniel enfin nous fait l'éloge de sa liberté de conscience par dessus tout parce qu'au fond ce qu'on n'a jamais pardonné à Jeanne d'Arc c'est le fait qu'elle puisse prétendre s'adresser à Dieu directement sans passer par les intermédiaires autorisés à le faire c'est-à-dire par les institutions. Et Daniel de conclure sur l'éloge d'une Jeanne d'Arc qui n'est contrairement à ce que nous disent nos détracteurs absolument pas la quintessence d'un quelconque patriotisme et qu'au fond ce qui parle par-delà les frontières dans le monde entier à de nombreuses opprimées, à de nombreuses exploitées c'est pas tant l'identité d'une française en tant que telle mais l'identité d'une résistante qui s'opposait à une guerre d'occupation qu'il serait à moins. Et puis d'une résistante qui ne supportait pas que le peuple subisse ces injustices là. C'est ça qui explique que mondialement elle a remporté un tel succès et Daniel prend un exemple dans un état mexicain en 1929 dans l'état de Jalisco très exactement la guerre paysanne rebondit il y a un soulèvement paysan indien pour réclamer la réforme agraire plus de démocratie villageoise et dans ce soulèvement il y a une brigade entièrement féminine qui se constitue et qui prend le titre de Jeanne d'Arc. C'est donc l'éloge internationaliste de Jeanne d'Arc que Daniel Ben Said s'autorise à faire et il conclut par cette citation qui sera mot de la fin pour bien renchérir en l'occurrence il ouvre d'ailleurs son livre par cette citation d'un marxiste latino-américain qui est le grand penseur du socialisme en Amérique latine qui était péruvien et qui s'appelait José Maria Teddy et qui a écrit la chose suivante à propos de Jeanne d'Arc en 1929. Le passé meurt et renaît en chaque génération. En s'étant secoué par les puissants courants de l'irrationnel et de l'inconscient, il est logique que l'esprit humain se sente plus proche de Jeanne d'Arc, mieux à même à la comprendre et à l'apprécier. Jeanne d'Arc est revenue vers nous, portée par la houle de notre propre tempête, écrit-il. Alors amis auditeurs et auditrices, de là bas si j'y suis, la tempête elle est là en ce moment, référez-vous à qui vous voulez, mais on combat tous et toutes ensemble, prenez soin de vous. Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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