The first part of the transcription is an advertisement for home protection services offered by Crédit Agricole, which includes surveillance against theft and fire. The second part is about a radio program called "Jean Zay, souvenirs et solitude" which tells the story of Jean Zay, a French politician and minister of education who was targeted by the Vichy regime during World War II. The program highlights Zay's achievements and his imprisonment before his assassination by the French militia. The last part of the transcription describes Zay's experiences in prison, including his transfer to Marseille and his living conditions there.
C'est une bagnole ou c'est un téléphone ? C'est le voisin, il y a des cambriolages dans le quartier. Et alors ? Comment ça, et alors ? Pierre ? Oui ? C'est le Crédit Agricole. Je vous rappelle qu'avec Ma Protection Maison, votre domicile est protégé des intrusions et des incendies 24h sur 24. Bon, on va se baigner ! Ma Protection Maison, la télésurveillance du Crédit Agricole à partir de 18,90€ par mois. Prestation exécutée par Nexecur Protection, société du groupe Crédit Agricole et agréée par le Conseil National des Activités Privées de Sécurité.
Offre et conditions sur credit-agricole.fr Bonsoir. 20h30, c'est l'heure du feuilleton. Ce soir, vous pourrez entendre en nouvelle diffusion Jean Zay, souvenirs et solitude. Un feuilleton diffusé en direct sur France Culture au mois de mars 2013. En 1932, Jean Zay, jeune avocat au barreau d'Orléans, est élu député radical du Loiret. En 1936, à 32 ans, il se voit confié par Léon Blum, le ministère de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts. Il démocratise et modernise le système scolaire français et est à l'origine de la création du Musée de l'Homme, du Musée d'Art Moderne, du CNRS, de l'ENA et du Festival de Cannes, même si ces deux derniers ne verront le jour qu'après sa mort.
Il est sans relâche attaqué par l'extrême droite française comme ministre du Front Populaire, anti-municois, juif et franc-maçon. En 1940, hostile à l'armistice, il est l'une des premières cibles du régime de Vichy. Après un simulacre de procès, il est emprisonné. Souvenir et Solitude est l'œuvre à laquelle, de 1940 à 1944, Jean Zay, malgré la dureté de ses conditions de détention, consacre l'essentiel de ses forces. Il est assassiné par la milice française le 20 juin 1944. Il a 39 ans.
Mesdames, Messieurs, veuillez écouter M. Jean Zay, ministre de l'Education nationale. Monsieur le Président de la République, Messieurs les Ambassadeurs, Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs, Nous nous sommes assemblés ici, ce soir, en mémoire de notre première Assemblée nationale. Et de nos ancêtres du tiers État, représentants librement élus, qui firent prévaloir dans notre pays la liberté et l'égalité des droits. Jean Zay, souvenirs et solitude. Choix de textes et interprétations, Benoît Giros et Pierre Beaux. Improvisation musicale, François Couturier.
Choix de textes et interprétations, Jean Zay, souvenirs et solitude. Choix de textes et interprétations, François Couturier. Premier épisode, Marseille, 1940. Dimanche 6 octobre 1940. Lettre à sa femme, Madeleine Zay, et à son père, Léon Zay. Ce qui m'est arrivé, ce dont je suis victime, ce pourquoi on veut me faire l'honneur du martyr, vous l'avez compris, devinez. Sans même avoir assisté à l'audience, à la condamnation, vous en savez le sens, la portée, la signification, les raisons. Je suis condamnée à une peine politique qui n'a jamais été appliquée depuis la Commune, et dont personne ne se souvenait plus.
Au point que des journaux ont dû l'expliquer, et mal d'ailleurs, car personne ne la connaît plus. Les juges ne m'ont trouvé aucune circonstance atténuante. Ils m'ont infligé une peine qu'on épargne à des assassins, à des traîtres, et qui n'a même pas été demandée pour ceux qu'on accuse d'être responsables de notre désastre militaire. Du même coup, tout est devenu clair. Comment ne serais-je pas plein de sérénité ? Mon innocence accroît de la fierté de souffrir pour ce que je suis, pour ce que je représente, pour ce que j'ai été, pour ce que je puis être encore.
Le martyr est une auréole. Je serai digne de mon destin. Et puisque tout cela compte, l'injustice n'a qu'un temps. Ce soir, à 6 heures, mercredi 6 décembre 1940, le capitaine commandant la prison militaire de Clermont-Ferrand, excellent homme, officier de réserve, épicier en gros dans le civil, pénètre dans la cellule que j'occupe depuis près de 4 mois, et m'annonce « Vous partez cette nuit pour Marseille. » Je viens de recevoir l'ordre. Pour Marseille, et de là ? De là, je ne sais pas.
À 4 heures du matin, jeudi 7 décembre 1940, sous la conduite d'un lieutenant de gendarmerie que renforcent un brigadier et deux gendarmes, je ne me savais pas si dangereux, j'ai quitté Clermont-Ferrand. Ces gendarmes sont charmants, comme tous ceux auxquels j'ai eu affaire. Il y a une gentillesse des gendarmes, instituée par la nature comme contrepoids à l'injustice humaine. À la gare de Clermont, sinistre dans la nuit, sous ces haillons de neige sale, un ami, que j'avais alerté par un de ses moyens clandestins dont on dispose toujours en prison et qui s'est déjà renseigné, réussit à m'approcher quelques secondes et me souffle que je pars pour la Guyane, pour l'île du diable même.
La Guyane, c'est le lieu ordinaire de la déportation, l'île du diable, quelle brusque évocation ! Depuis mon procès terminé le 4 octobre par une peine politique dont le choix constituait un aveu, personne n'a supposé qu'on songea à me déporter effectivement. Vichy semblait embarrassé de son prisonnier, je me croyais oublié dans ma cellule de Clermont-Ferrand. Pourquoi se détermine-t-on soudain à exécuter cette anachronique condamnation ? Sous la verrière de la gare, d'où s'abattent des paquets de neige fondue, je ne me pose pas tant de questions, j'ai appris à ne plus m'émouvoir.
Cependant, ces mots, la Guyane, l'île du diable, si eau en couleur pour l'esprit quand l'hiver glace le corps, rendent un son étrange. Ils matérialisent tout à coup mon incroyable aventure, symbolisent l'arrachement qui m'emporte loin des miens et de la vie. C'est par là que l'émotion naît et que mon cœur se serre. Nous arrivons à Marseille dans l'après-midi. Devant la gare Saint-Charles, un taxi nous attend. On me conduit directement au Fort Saint-Nicolas qui, jugé sur son piton, domine sans grâce le vieux port.
Il y souffle une bise glacée. Fait-il jamais si froid à Marseille ? Le directeur, corse et capitaine, me laisse entendre que c'est par faveur qu'il ne me fait pas raser les cheveux ou fouiller à corps. Mais on me dépouille de mes livres, de mon stylo, de mon tabac, de mon rasoir, de ma montre. On m'enlève jusqu'à mon alliance. Comme je proteste contre appareils et traitements en tout état de cause illégale, le directeur élargit les bras dans un geste indéfinissable qui veut exprimer l'impuissance mais révèle surtout une secrète satisfaction.
« Ne vous plaignez pas, » dit-il, « vous allez avoir une cellule toute neuve. » Nous traversons quelques cours où tourneront des prisonniers transis et nous arrivons de l'autre côté du fort, sur le flanc nord, exposés aux mistrales et aux rafales maritimes et à la cour nord. C'est un quadrilatère fermé de murs interminables sur lequel s'ouvrent douze cellules. Elles sont neuves, en effet. La mienne mesure environ trois mètres sur cinq. Elle ne comporte pas de lit mais un bas flanc avec une paillasse, un sac à viande et trois couvertures, une tablette de fer scellée au mur, un tabouret, le cachot classique.
Pas de feu, naturellement. Comme je n'ai rien mangé depuis le matin, on m'apporte une gamelle d'eau chaude où flottent des légumes gélatineux. Je n'y puis toucher. Quand on referme la porte de fer et comme il n'est guère que quatre heures, je m'aperçois qu'une obscurité presque complète règne dans ce réduit. C'est qu'il n'y a point de fenêtre, seulement un étroit basistas près du plafond et le verre grillagé en est dépoli. Je n'ai point dormi. Relottant de froid et cherchant vainement à retenir sur moi les couvertures trop étroites.
Vendredi 8 décembre 1940. La Cour-Nord est un entonnoir où tourbillonne un vent glacial qui pénètre à son nez sous la porte et par le basistas disjoint. Comme je m'assoupissais tout de même, vers six heures du matin, j'ai été réveillé par de terribles coups de coude qui m'attaquent à la tête. Comme je m'assoupissais tout de même, vers six heures du matin, j'ai été réveillé par de terribles coups de clé qui résonnaient longuement sur les ferrures de la porte.
C'est la ronde de réveil. Pas de café. Pour toute nourriture, une gamelle, comme celle d'hier. A 9 heures du matin et une autre à 3 heures du soir. Elles sont imangeables. On me les passe par le guichet percé dans la porte. J'aperçois donc, confusément, quelques secondes, un visage humain. Il ne m'adresse pas la parole. Si je lui demande l'heure, il referme le guichet sans répondre. On me remet une cuillère en même temps que la soupe, mais en reprenant la gamelle vide, quelques instants plus tard, on reprend également la cuillère qui doit demeurer accrochée à un clou extérieur.
Heureusement, il y a une cruche d'eau et c'est tout ce que réclame ma fièvre naissante. De 10 heures du matin à 4 heures de l'après-midi environ, une lumière pâle et honteuse, que je ne puis croire celle du soleil, baigne la cellule. Le reste du temps, ce sont les ténèbres. Il y a bien une minuscule ampoule au plafond, mais elle s'allume du dehors et ne doit servir qu'au surveillant dans ses rondes de nuit pour s'assurer, en collant son regard à l'œil qui trouve la porte, que je suis toujours là.
Effectivement, je suis toujours là, allongé sur la paillasse. J'ai mis sur moi tous mes vêtements et jusqu'à ma valise. Samedi 9 décembre 1940 Je fais l'apprentissage de plusieurs sensations nouvelles où la fin figure en bonne place. Je suis un homme, je suis un homme, je suis un homme, je suis un homme, je suis un homme, je suis un homme, je suis un homme, je suis un homme, je suis un homme, Il n'y a pas de cantine ici et la simple odeur de la gamelle continue à me soulever le cœur.
Par bonheur, je retrouve au milieu des objets divers que j'ai jetés pelle-mêle dans ma valise une poignée de figues, un peu de chocolat, quelques noix. Comme un naufragé, je ferai durer ces victuailles. Pour chaque repas, deux noix, une figue et un tiers de la tablette de chocolat. J'ai maintenant droit à deux promenades par jour, une heure le matin, une heure le soir. Elles ont lieu dans la cour qui sépare les deux rangées de cellules, mais il faut le pas accélérer pour supporter le vent et les rafales de neige.
Encore est-ce une faveur, paraît-il, car d'ordinaire, les prisonniers ne doivent prendre l'air que dans un emplacement de deux mètres sur trois, à ciel ouvert mais sein de mur bas, qui précède chaque cellule comme une antichambre dérisoire. J'ai réclamé une couverture supplémentaire. Choqué de cette exigence qui dépassait sa compétence, mon gardien m'a conduit chez le directeur. Celui-ci, qui chauffait ses bottines devant un poêle poussé au rouge, m'a répondu qu'il n'en possédait plus. Il m'a rappelé, en outre, que j'étais au secret.
Cela signifie que les lettres que j'ai écrites hier au crayon n'ont pas été expédiées. En sortant de chez le directeur, j'étais devant le magasin dont la porte est béante. La pile de couverture neuve y atteint le plafond. Je n'ai pas moins froid couché que debout. Lundi 11 décembre 1940 Je ne puis lire longtemps car dès 3h30 le demi-jour cède la place à la nuit qui monte comme une marie sournoise. La lucarne n'est déjà plus qu'un rectangle laideau.
Le silence pèse. Nuit blanche, comme cette expression est ironique. Je fixe au plafond une tâche indécise qui m'hypnotise. Reflet agonisant du jour, araignée, soeur d'humidité. J'arpente la cellule. Il y a sept pas d'un bout à l'autre, sept pas pour revenir. Douze fois ce trajet doit faire à peu près une minute. Combien faut-il de pas pour faire une heure ? Mardi 12 décembre 1940 Mes provisions ont pris fin étonnement de mesurer pour la première fois sa propre résistance à des sensations qu'on croyait surannées.
La faim, le froid, la solitude. J'absorbe sans effort la gamelle, mais je m'habitue moins facilement au froid. Le vent, la pluie, la neige se succèdent furieusement dans la cour nord comme des rivaux obstinés. Samedi 21 décembre 1940 Il y a deux façons de se laver. Se rendre dans la cour à l'abreuvoir dont il faut préalablement casser la glace ou bien utiliser sa gamelle. Presque tout le monde se lave dans sa gamelle. Dimanche 22 décembre 1940 Dimanche.
Pour un détenu, aucune différence fut-elle insignifiante ne distingue le dimanche des autres jours. Le rythme des semaines est ainsi brisé. La fuite du temps prend une uniformité surprenante. Il suffit de l'abolition de cette habitude, dont on ne mesurait pas l'importance, pour ôter à la durée toute réalité, pour faire de l'existence une chose vague et sans limite. Instinctivement, on veut à tout prix que ce soit dimanche. C'est ainsi que quand on a découvert qu'il y a aujourd'hui moins de surveillants en service, on est soulagé, heureux.
Dieu merci, c'est tout de même dimanche puisqu'il y a deux surveillants de moins dans la cour. Il n'y a plus de dimanche pour moi, mais il y a un dimanche pour les surveillants. Le dimanche existe toujours. C'est donc que la vie normale n'est pas abolie, qu'elle se poursuit encore quelque part, que je pourrais un jour la retrouver. Rêve indistinct du prisonnier. Par cette pente, l'esprit découvre la place immense qu'occupent dans notre vie les habitudes, celles qui y sont à ce point entrées qu'elles sont devenues insensibles.
Soir de Noël. Je n'attendais rien et cependant, quand à sept heures, comme à l'ordinaire, la lumière fut brutalement coupée, alors que je n'avais pas encore gagné mon lit, ce fut comme si je recevais un coup. Mardi 24 décembre 1940 Dans la nuit, nous avons entendu les cloches de Marseille. Personne ne dormait. Derrière leurs grilles, mes voisins se sont mis à chanter et ce ne sont point des cantiques. Pourtant, le moindre refrain de musicaule avait une allure soulanelle.
Couché sur le dos, dans ma minuscule cellule qui ressemble à une boîte sans couvercle, je contemple la voûte lourde et élevée. Des reflets de lune se jouent sur les pierres blanchies à la chaux, leur donnent une profondeur étrange. Et l'on dirait le plafond atmosphérique d'un cinéma parisien dernier cri. Jeudi 26 décembre 1940 Mon voisin de droite, nouveau venu, qui n'a pas encore touché sa gamelle et qui depuis trois jours m'emprunte la mienne pour s'y faire servir la soupe dès que j'ai terminé, me confie en souriant qu'il a la gale.
Mardi 31 décembre 1940 La nécessité rend ingénieux. Les détenus qui m'entourent ont peu à peu remplacé tous les objets dont le règlement les prive. Ils se sont fabriqués des briquets avec une boîte à cirage, un bout de chiffon et de silex, des couteaux avec un morceau de fer blanc, des jeux de cartes et de jaquets, des dés avec du carton, des pipes avec une grosse racine. Dans l'angle d'une cour, il y a un cadran solaire improvisé.
Il faut venir en prison pour comprendre Robinson Crusoe. Voici terminée l'affreuse année. Comme une épave malveillante rodant sur les eaux, elle ne parviendra pas à s'enfoncer dans nos souvenirs. Derrière ma grille, debout dans l'obscurité, j'attends vainement un signe qui me prouve son achèvement et qui, dans cette nuit de prison pareille aux autres, révèle un tournant du destin. Mais tout se tait autour de moi. Mon année finit dans le silence accablé de la solitude et de l'impuissance.
Au réveil, même jour gris et sale derrière les barreaux, dans la cour, même neige et même vent, même horaire insipide, même allé et venu sans but des surveillants en pèlerine. Mercredi 1er janvier 1941 Il faut un effort d'imagination pour sentir que vient de se lever l'espérance d'une année nouvelle. Pourtant, les prisonniers échangent leur vœu. La visite récente d'un général inspecteur qui s'est montré ému de ce qu'il a vu au Fort Saint-Nicolas et ne l'a pas caché, alimente toutes les conversations.
On en conclut que les choses vont s'améliorer. Espoir qui ne sera pas entièrement déçu puisqu'à midi, chacun reçoit une orange. Quinze ou vingt degrés au-dessous de zéro. Vendredi 3 janvier 1941 Les détenus, punis de cellules, souvent pour une faute d'agnelle, n'ont qu'une gamelle tous les trois jours. On a trouvé ce matin l'un d'entre eux avec un pied gelé. Le directeur dit au médecin que ce misérable l'a fait exprès pour lui causer des embêtements et que dans ce but, il a dû glisser son pied sous la porte pour l'exposer au froid.
Vers dix heures du matin, sur un brusque coup de téléphone venu de Vichy, on m'invite à plier bagage. Une fois encore, je pars pour une destination inconnue au milieu de l'émotion de mes voisins qui imaginent que je reprends mon voyage interrompu vers les îles. Mardi 7 janvier 1941 Alors que mes déplacements étaient jusqu'ici conduits par un officier de gendarmerie, on ne m'a donné cette fois que deux gendarmes, d'ailleurs charmants comme toujours. En outre, on n'a retenu aucune place dans les trains, prévu aucune voiture.
Dans les rues de Marseille, à la gare Saint-Charles, en troisième classe, je dois circuler au milieu de la foule qui me regarde curieusement entre mes deux gendarmes. Les gens savent, il est vrai, pour quels motifs on arrête et on emprisonne depuis quelques mois. Leurs regards le disent. D'autre part, privé de coiffeur et de rasoir, depuis un mois, je porte une barbe surprenante qui me rend méconnaissable. N'importe. Elle me produit des sensations que j'aurais bien cru ne jamais connaître et je ne les souhaite pas à mon pire ennemi.
En gare de Tarascon, où nous dévorons un sandwich, notre seul repas de la journée, un des gendarmes me confie qu'il a mission de me conduire à Rion. Il est près de minuit quand nous débarquons en gare de ce chef-lieu de cour d'appel où je vins naguer plaidé. Neige épaisse. Vent glacial. La gare est déserte. Nous sommes seuls à descendre du train. Au greffe de la maison d'arrêt, tandis que, ne sachant trop à quoi s'en tenir, on m'inscrit comme passager sur le registre.
Premier contact aigre doux avec le directeur. Comme je m'informe du régime qui va m'être réservé... — Le droit commun, répond cet homme, la détention de droit commun. — Plus, et fusse pour la forme, je proteste, mais il m'interrompt du geste églapi. — Ce n'est plus l'ancien système, non, c'est fini, l'ancien système. — Quel ancien système ? — Le Front populaire. — Il m'abonne que je dois être bien content de conserver mes vêtements civils. La cellule où l'on me conduit est une grande pièce nue aux murs blanchis à l'achaud et dans laquelle semble perdu un lit de détenus à barreaux de fer, une table de bois blanc, une chaise et un poêle.
On m'apporte un bol de café. Je me couche et m'endors profondément. Je n'ai plus qu'une existence purement physique, parfaitement sereine. C'était, en nouvelle diffusion, un feuilleton réalisé en direct du Studio 114 en mars 2013. Choix de textes et interprétations Benoît Giros et Pierre Beaux et les voix d'Hélène Losser et de Jean Zay. Improvisation musicale François Couturier. Équipe de réalisation Philippe Bredin, Manon Houssin, Guy Péramore, Pauline Ziadé, Marguerite Gâteau. Conseillère littéraire Emmanuelle Chevrière. Remerciements à Hélène et Catherine Zay.
Souvenirs et solitude est publié aux éditions Belin. Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org