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JeanDutourd_LBJFerre_09_2005

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Idée de lectures : - Jules Laforgue - Bernard Leconte " Qui a peur du bon français"

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Transcription

Musique Dans le cadre de nos archives non rediffusées à ce jour et à la demande de certains de nos auditeurs, vous écoutez le Libre Journal de Jean Ferret, assisté de Marie Vonne, document d'archives du 26 septembre 2005 et diffusé samedi 17 octobre 2020, de 18h à 21h. Musique Attention, exceptionnellement, vous ne pourrez pas intervenir au cours de cette émission, mais vos lettres seront toujours les bienvenues. Notez bien notre adresse, Radio Bourtoisie, 61 boulevard Murat, 75 016 Paris. Musique Nous revoilà avec les mêmes, et dans le studio, Marie Vonne que vous venez d'entendre, Dominique Paoli, historienne, Pierre Chiquet, fondateur du Centre Spatial de Kourou en Guyane, écrivain, Jacques-Emile Blamont de l'Académie des Sciences, Charles Bigot, président d'honneur d'Arianespace, et au bout du fil, Jean Dutour de l'Académie française. Oui, oui, bonsoir. Bonsoir, c'est moncle Jean. Est-ce que votre nièce Dominique peut vous embrasser tout de même ? Plutôt deux fois qu'une. Bien, alors voilà, c'est fait. Moi aussi. On va faire ça d'une façon un peu plus tangible, voyez-vous. Alors, cher Jean Dutour, cette semaine, il se passe des événements qui intéressent l'Académie, l'Académie française. D'abord, je voulais vous dire quel bonheur c'est de savoir que le dictionnaire de l'Académie française est maintenant diffusé en livre de poche. Oui, vous croyez que ça va inciter les analphabètes à l'acheter ? Ben, les analphabètes m'intéressent peu. Ben oui, ça intéresse quand même l'édition. Mais ceux qui veulent progresser en langue française auront à leur disposition le dictionnaire de l'Académie française. C'est une très jolie édition qui a été très bien faite. Vous savez, je suis entré, elle se termine à M, je crois. Je suis entré à l'Académie, on en était à E. On a quand même fait du chemin. Allo ? Oui, oui. Ah ben, vous êtes là. Je vous écoute. Je n'ai rien de plus à dire. C'était ça que je voulais vous dire. Et que nous avons bien travaillé. Moi, je suis resté, ça fait 28 ans que je suis dans cette maison. Et en 28 ans, j'en ai vu passer des mots. J'ai essayé d'en tuer un certain nombre, mais je n'y suis jamais arrivé. On passe. Eh ben, justement, il y a un mot pour lequel nous avons besoin de votre aide. Parce que figurez-vous que maintenant, il devient officiel que Mme Ségolène Royal est candidate à la candidature de l'élection présidentielle. Alors, il se trouve que quand de Gaulle était candidat, ceux qui votaient pour lui étaient appelés gaullistes. Ceux qui votent pour Le Pen sont appelés lepénistes. Ceux qui votent pour Villiers sont appelés villieristes. Or, peut-on vraiment appeler les électeurs de Mme Royal royalistes ? Ségolène Royaliste, peut-être. Ah ! Alors, quel serait le mot que l'Académie française vous permettrait d'utiliser ? Vous croyez vraiment que ça mérite une entrée dans le dictionnaire ? Écoutez, si Mme Royal entre à l'Élysée, ça vaut quand même le coup d'avoir respecté le français pendant son élection. Est-ce que nous aurons, dans les prochaines éditions, Mitterrandistes, Chiraciens ? Mais on dit Chiracien. On a Pompidogliens, quand même. Oui, on a Chiracien. Est-ce qu'on dit Royalien ? Alors, est-ce qu'on va dire Royalien pour Ségolène ? J'ai assez d'ennuis dans la vie comme ça, sans que vous voient n'importe qui. Laissons Mme Ségolène avec ses problèmes de sémantique. En tout cas, Royalien, ça fait un peu régalien. Oui, c'est vrai. Oui, mais ce n'est pas pour elle que je dis ça. C'est pour nous. Pour éviter d'entendre toute la journée que ceux qui voteront pour elle seront des royalistes. En même temps, elle ne sera pas élue à l'heure de l'élection. Oui, mais pendant l'élection. Pendant l'élection. Pendant l'élection, nous nous abstiendrons du chanteur. Avec Sam, peut-être. Alors, Dominique Paoli, qui est la petite nièce de Maurras, n'est pas du tout d'accord pour que Mme Ségolène Royal soit qualifiée de royaliste. Que ses électeurs soient qualifiés de royalistes. Donc, je pensais que l'Académie française était capable de nous donner un mot nouveau. Déjà, Mme Royal, c'était déjà beaucoup. Oui, mais que ceux-mêmes, c'était déjà un peu gênant. Oui, mais ça, ça n'a rien à voir avec l'Académie française. La langue française. Alors, qu'est-ce que vous conseillez ? Je ne conseille rien. Je ne donne jamais de conseils. Parce que quand ils sont bons, on ne les suit pas. Quand ils sont mauvais, on les suit et on vous en veut pour toute la vie. Ah bon. Ben alors, non. N'en parlons plus. Alors, moi, je voulais vous dire que j'étais très, très, très heureux d'avoir lu le livre de Bernard Lecomte. Ah, c'est bien. C'est amusant. C'est amusant. Il a fait pendant un certain nombre de temps, dans quelques années, une petite rubrique de langage dans le Figaro. Et ses petits billets sont extrêmement astucieux, amusants, toujours pris sous un angle imprévu. Et c'est vraiment un garçon de talent. Et ça a été bien publié sous le titre « Qui a peur du bon français ? ». Ah oui, oui, oui. C'est un livre qu'il faut lire. Et là, on s'enrichit en français. Et en même temps, il y a un certain nombre d'exaspérations qu'on a, dont on voit qu'elles sont partagées par quelqu'un qui écrit dans des livres. Oui. Et vous avez fait la préface. Oh, il m'a demandé juste un petit mot, parce que j'aime bien Bernard Lecomte, un très bon étudiant. Et quel est le titre de l'ouvrage ? « Qui a peur du bon français ? ». Je voulais l'apporter et je crois que je l'ai oublié. Alors, c'est la raison pour laquelle je ne peux pas le citer maintenant. Mais si vous voulez bien, Dominique Paoli, dire quelques mots à Jean Dutour, je vais essayer de retrouver le livre. Alors, j'en profite pour vous poser une toute petite question. Est-ce que le nom de Yves Tissier vous dit quelque chose ? Le nom de quoi ? Yves Tissier. Non, pas du tout. C'est quelqu'un qui a un pied à l'académie, qui collabore et qui vient de sortir un livre tout à fait remarquable qui s'appelle « Le vocabulaire de l'histoire ». Ah bon ? Oui, en effet, c'est intéressant. Oui, c'est très intéressant. C'est paru aux éditions d'Hubert. Et vraiment, ce qui est extraordinaire, c'est que précisément, nous le recevons demain matin avec Anne Collin. Ah bon ? Oui, il va nous parler de son vocabulaire et il y a déjà des choses remarquées. Vous savez, le dictionnaire de l'académie est un dictionnaire de référence, beaucoup plus qu'autre chose. C'est-à-dire, le dictionnaire de l'académie n'a pas d'ambition particulièrement sémantique. Enfin, ça n'est pas le Littré, ça n'est pas le Robert. C'est le dictionnaire du bon usage, c'est-à-dire la bonne langue moyenne. Oui. Et c'est ce que nous avons essayé de faire, c'est ce que nous veillons de faire chaque fois. Malheureusement, il y a des petits rigolos à l'académie, comme partout, qui voudraient qu'on installe notre vénérable dictionnaire, et vous qui n'aurez rien à y voir. Oui, je vois. Alors, chers, vous trouvez le livre de Bernard Lecomte. Oui. Il s'intitule « Qui a peur du bran français ? », préface de Jean Dutour. Il est publié aux éditions Lanore Littérature. Oui. C'est un livre qui est très amusant. Ah oui, ah oui, ah oui, ah oui. Qu'on lit en souriant, avec des sourires à la fois de complicité et d'amertume. Ah oui, c'est un livre qu'il faut lire parce qu'on découvre des énormités. Ah oui, qu'on entend tous les jours. Qu'on entend tous les jours, et d'autres qu'on n'avait pas encore entendues et dont on pense que bientôt nous aurons à les subir. Pour parler de choses un petit peu moins tristes que la détérioration du français, il y a une biographie d'un poète qui est très peu connu aujourd'hui, qui n'est pas du tout à la mode, qui est Jules Laforgue. Ah oui. Vous connaissez Jules Laforgue ? Ah oui, oui. Jules Laforgue, ça peut être merveilleux et charmant, et vous connaissez « La Complainte du Petit Hypertrophique ». Oui, mais j'aimerais bien vous l'entendre. J'entends mon cœur qui bat, c'est le moment qui m'appelle. Et il a écrit un livre merveilleux, que je trouve exquis, que j'ai lu 3 ou 4 fois, qui s'appelle « Les Moralités Légendaires ». Et c'est très bien que si par hasard ce cher Laforgue, qui est mort à 28 ans, tuberculeux, et toujours très gai et charmant, même jusqu'à son dernier souffle, et bien ça serait bien que tout à coup il émerge, et qu'on s'aperçoive qu'il y a là un grand poète français qu'on a oublié. Il y a dû mourir en 1880, par là. Oui, c'est 87. Mais dans mon souvenir, il avait vécu pas mal en Allemagne. Oui, il était lecteur de l'Impératrice. De l'Impératrice Augustin, c'est ça ? Oui, bien sûr. Et c'était certainement quelque chose... Alors j'ai vu aussi qu'il a écrit des poèmes de Cassel. Alors je suppose qu'il les suivait, donc c'était logique, étant lecteur, il les suivait un petit peu partout en Allemagne. Ah bah oui, bien entendu. Mais j'ai l'impression qu'il n'aurait peut-être pas aidé sa petite-fille. Bah le pauvre, il était... La tuberculeuse tuait encore à son âge. Ah oui, bien sûr, bien sûr. La tuberculeuse a tué jusqu'en 1930. Et en plus, il faut que, si mes souvenirs sont bons, sa mère est morte quand il est né, non ? Alors ça je ne peux pas dire. Il me semble, je dois rappeler ça, qu'il avait une enfance très triste en tout cas. En tout cas, il y a un... Je crois que c'est au mercure qu'elles sont les moralités légendaires. Mais si elles n'y sont pas, il y a un éditeur qui devrait les publier. C'est un des chefs-d'oeuvre de la littérature française. Il y en a quelques extraits dans l'anthologie de Gilles, mais avec quelques citations, justement, il parle du mercure. Il dit avec l'autorisation du mercure de France. Je pense que la France doit être dans le domaine public maintenant. Ah oui, bien sûr. Donc il n'y a pas d'autorisation à prendre que ce soit. Mais à l'époque de Gilles, ça n'était pas le cas. C'était quand même relativement ancien, son anthologie. Alors, un message d'un auditeur qui propose que les partisans de Ségolène Royale soient appelés les Royaleurs et les Royaleuses, qui seraient abrégés de Râleurs et Râleuses. Royaleurs, Royaleuses, c'est pas mal du tout. Parce que ça lui irait très bien. Parce que ça fait assez révolution de 1830. Les Royaleurs et les Bousingots. Un auditeur également nous demande si le dictionnaire de l'Académie peut être acquis, non seulement en livre de poche, mais en taille réelle. Ah, bien entendu. Et on peut l'acheter où ? Dans les librairies, je suppose. Le dictionnaire de l'Académie dans les librairies, je ne l'ai jamais vu. En tout cas, il demandait que cet auditeur téléphone à la Première Nationale. Je pense que c'est la Première Nationale qui l'a composé. À la Première Nationale. Et qui lui donnera les renseignements, je pense, là-bas. Bien sûr. Si c'est en poche, ça doit quand même être une diffusion assez importante, c'est pas... Non, ce que j'ai compris, c'est que l'auditeur en question désire savoir si on peut se procurer la grande édition. Oui, en taille normale. Ah, la grande édition, oui, d'accord. Je crois que par la Première Nationale, il aura ce qu'il désire. Mais c'est la Première Nationale qui a fait le poche aussi, non ? Alors là... Ah, c'est la voie. Je crois avec Fayard. En collaboration avec un éditeur, je crois que c'est Fayard. Je crois aussi. En tout cas, moi, je considère comme une nouvelle formidable que ce livre soit en poche. Ah oui, c'est bien. Ah oui, vraiment, c'est... C'est Furtier qui doit être content. Je crois que Furtier était un académicien de la première fournée, du temps du temps de Richelieu, pendant que ses confrères faisaient un dictionnaire qui a duré 60 ans, dont la confection a duré 60 ans. Sournoisement, dans son coin, il a fait un dictionnaire superbe qui est en 20 ans. Il aura brûlé la politesse. Ça a fait une histoire terrible. Vous êtes beaucoup au courant de ça ? Non. Monsieur le professeur, voulez-vous vous approcher du micro pour répéter ce que vous venez de dire ? Furtier a été expulsé de l'académie pour ça. C'est d'autant mieux que je suis à son fauteuil. Il est mon ancêtre, le cher Furtier. Et son dictionnaire était patent. C'est un vrai dictionnaire moderne, alors que le dictionnaire de l'académie qui a été fait sur la commande de Richelieu était un dictionnaire complètement délirant. Les académiciens avaient groupé les mots par racines, c'est-à-dire que quand on voulait aller voir facteur, il fallait chercher faire. C'était absolument impossible à consulter. Cela dit, il y en a une édition superbe qui a été offerte à Louis XIV. Mais qui a eu l'idée de l'éditer en poche ? Parce que ça, c'est une sacrée idée. Et ça, je dois dire que c'est un progrès formidable. Oui, c'est bien, c'est une très bonne idée, en effet. En fait, de temps en temps, on n'est pas complètement éclos avec l'académie. Nous avons de temps en temps un oeil sur le monde extérieur. Pas souvent, mais enfin, ça arrive. Vous élisez parfois des gens qui en valent la peine. Quelquefois, ça arrive aussi. Je regrette que vous n'ayez pas élu notre ami Vladimir Volkov. Je regrette aussi. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour ça. Je n'ai rien à me reprocher. Pendant des années, Volkov a été mon candidat. Ça aurait peut-être été mieux que Giscard d'Estaing. C'est une remarque que je me permets de vous faire comme ça. Mais de toute façon, je vais pas faire de... Envoyez-nous une lettre recommandée. Oui. Vous avez un confert ce soir dans le studio. Car le professeur Jacques-Emile Blamont est membre de l'académie des sciences. Comme il a raison. Et vous avez des contacts entre membres de l'académie française et membres de l'académie des sciences ? Ça arrive, oui. On n'a pas déjà pas tellement de contacts entre membres de l'académie française. Plus d'académies, c'est encore plus difficile. Est-ce que vous avez encore des académiciens qui soient dans les deux ? Ah oui, bien sûr qu'il y en a. Il y a eu les Breuil. Les deux frères Breuil étaient tous les deux membres des deux académies, l'académie des sciences et l'académie française. Vous avez encore des membres de l'académie des sciences qui sont à l'académie française ? Le professeur Jacob qui est là. Oui. François Jacob qui est un homme tout à fait évident. Et puis nous avions le prince Ringuet jusqu'à il n'y a pas très longtemps. Oui. Et puis il y en a d'autres, je ne les ai pas présent à l'esprit, mais il y en a bien 3 ou 4. Nous avons aussi des membres de l'académie de l'académie des inscriptions à belles lettres. Oui. Et puis des sciences morales aussi. Les sciences morales et politiques, vous avez le prince Gabriel de Breuil. Gabriel de Breuil, oui. C'est vrai qu'il y a des sciences morales absolument. Eh bien cher Jean Dutour, notre quart d'heure est très largement passé. Eh bien il a filé à toute vitesse. Il a filé à toute vitesse, mais le fait de bavarder avec vous le lundi est un bonheur. Ah, merci. Et le temps passe trop vite. Alors à la semaine prochaine. À la semaine prochaine.

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